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For Y'ur Height Only
(1ère publication de cette chronique : 2005)Titre original : For Y'ur Height Only
Titre(s) alternatif(s) :Aucun
Réalisateur(s) :Eddie Nicart
Producteur(s) :Dick Randall
Année : 1981
Nationalité : Philippines
Durée : 1h28
Genre : Jeu de nain, jeu de vilain
Acteurs principaux :Weng Weng, Mike Cohen, Tony Ferrer, Carmi Martin, Goliath
Insigne honneur que celui de chroniquer un bout de pelloche aussi gentiment dégénéré que For Y'ur Height Only. Sa réputation de nanar mythique, cet ovni semi-culte n'en a même pas besoin pour émoustiller le cinéphile fou : son concept complètement déraisonnable suffit seul à entériner sa quête.
Jugez plutôt : nous sommes ici en présence d'un sous James Bond philippin (le titre est un pastiche de For Your Eyes Only, dont l'adaptation ciné ne sortira que deux ans plus tard), l'Agent 00, un gars qui, comme 007, est super balèze, plein de gadgets géniaux et tombe toutes les minettes sexy qui papillonnent dans son entourage. Jusque là rien de franchement psychotronique me direz-vous, ouaip, sauf qu'outre le budget il y a quand même une différence qui est, si je puis dire, de taille. L'Agent 00 arrive à peine à la cheville de l'original… au sens propre du terme !
Ce héros un peu particulier nous projette sans détour dans la sphère bancale du film de freak, sauf qu'ici on est assez loin des sentiments louables qui ont pu animer les Elephant Man, Freaks, Kenny, Ratboy et autres Terror of Tiny Town. L'accroche le proclame sans l'ombre d'un complexe : « Bigger than Goldfinger's Finger - Bigger Than Thunderball's b***s » !
Bon, c'est pas tout les filles mais j'ai un rendez-vous urgent chez le coiffeur.
L'histoire en deux mots : à la tête d'une organisation de super méchants, le vil Mr Giant fait enlever le brave Dr Van Kohler et utilise l'invention de ce dernier, la bombe « N », pour faire trembler le monde et se gausser. Heureusement l'Agent 00 (prononcez « Double-O » avec l'accent angliche) est là pour l'empêcher de faire nainporte quoi.
Un authentique film de freak sans message larmoyant en guise d'appel à la tolérance. Cool !
Focalisons-nous à présent sur l'attraction du film, Weng Weng, interprète de l'Agent 00. Celui-ci présente au moins un gros point commun avec le stéréotype de la potiche blonde à forte poitrine : il doit moins sa contribution au 7ème Art à ses hypothétiques talents d'acteur qu'à son physique hors norme. Flanqué d'une coupe à la Mireille Matthieu, ce super nabot en mini costard blanc n'est pas l'anti-héros mais l'anti-acteur par excellence. Même quand il vibrionne d'un méchant à l'autre, défonçant vigoureusement quelques rotules à grands coups de bottine, Weng Weng donne l'impression de ne pas vraiment comprendre ce qu'il fout là.
Dans la catégorie « j'ai les paupières lourdes », Weng Weng en héros parvient à terrasser Jean Lefebvre dans ses pires rôles de nigaud.
Le faciès amorphe, l'air d'avoir été shooté aux médocs émollients, l'interprète de l'Agent 00 semble totalement déconnecté. Une absence terrifiante de regard, des yeux désespérément vides de toute expression comme on n'en rencontre guère que chez les poissons dans les bacs à surgelés des supermarchés… on ne peut même pas reprocher à Weng Weng d'être mono-expressif, dans la mesure où il n'a tout simplement aucune expression !
Promis poulette, si on se tire de ce guêpier, je t'offre un Pepsi.
Je tiens toujours mes promesses !
Prochaine étape de cette chronique : l'inévitable mise au point. J'imagine sans peine les bonnes âmes s'indigner, ouah l'autre hé, il se moque des personnes de petite taille, c'est sordide. Suffit-il donc de mettre un lilliputien dans la peau de James Bond pour propulser un film dans la nanarosphère ? Certes non, plusieurs facteurs concourent à cela.
Tout d'abord, il y a le non-jeu du héros déjà évoqué, et qui a son poids dans l'affaire. Flash-back sur la soirée de projection : seule fille du groupe, un peu exaspérée par tous ces garçons riant comme des ânes devant les tribulations de cette petite chose, Tante Pony fait mine de s'offusquer un temps (« Arrêtez, moi ça m'fait pas rire »), du genre moi je cautionne pas les films où l'on est censé rire de gens sous prétexte qu'ils sont justes "différents". Puis, face au phénomène Weng Weng, la nanardeuse qui est en elle finit par craquer et Tata Pony se met à balancer des vannes comme tout le monde (« Ils se battent avec tout ce qu'ils ont sous la nain »), ne se rétractant que pour la forme (« J'vous jure, ma langue a fourché ! »). Moralité : ne pas juger sans avoir vu.
Un lancer de nain qui se termine dans le mur...
Ensuite, il y a que le film ne se prend absolument pas au sérieux et se permet tous les délires qu'on n'aurait même pas osé espérer (sauf Labroche, hystérique ce soir là) : mannequin de nain, vigoureux lancers de nains, armes et gadgets incongrus pour nain, « bodycount » stratosphérique faisant de Weng Weng une sorte de Charles Bronson à ras la moquette… For Y'ur Height Only regorge de ces petites aberrations plus ou moins assumées qui font le charme de ce genre de production et redonnent tout son lustre à l'adjectif « absurde ». Assister à de telles tribulations – sur fond de musiques extras directement pompées sur la série des James Bond – donne parfois le sentiment d'avoir basculé dans une autre dimension pour de bon !
Décrivez ce que vous voyez sur cette image :
A) Une maman promenant son enfant.
B) Un couple d'amoureux dont l'un est agent secret.
Enfin, comme dans tout gros nanar, la nanardise fait feu de tout bois : s'ajoute ainsi à la liste des dialogues au sommet (mais, hélas, il n'existe pas de VF…), une esthétique 70's à s'en faire péter les yeux (vend t-on encore des tapisseries marron taupe de nos jours ?) et quelques autres réjouissances, comme la présence inattendue du mafflu Mike Cohen (l'inoubliable parrain de Laser Force, l'Arme Absolue, immortalisé par Le Rôdeur dans son roman-photo à la gloire de Max Thayer). On déplore bien quelques micros longueurs, mais c'est une caractéristique propre au cinoche philippin et il n'y a pas à s'y tromper : For Y'ur Height Only est un film follement fou que tout bon nanardeur se doit d'avoir vu !
Chemises hawaïennes négligemment déboutonnées jusqu'au nombril, cols pelle à tarte XXL, moustaches en quantités industrielles… je sais pas pourquoi mais c'est un peu comme ça que je me représente l'au-delà, un truc auquel on ne peut croire qu'après l'avoir vu.
Mike Cohen, dans le rôle du gentil Dr Van Kohler.
Seul un nain-ja peut vaincre un autre nain-ja.
A noter que Weng Weng reprendra son rôle d'Agent 00 dans L'Invincible Kid du Kung Fu alias 007 1/2 Rien n'est impossible (The Impossible Kid, 1982), que réalise le même Eddie Nicart et qui aura lui les honneurs d'une sortie ciné en France. Deux pièces maîtresses qui constituent l'essentiel de la carrière de notre lilliputien de choc (avec le western D'Wild Wild Weng). Une filmographie riquiqui proportionnelle à, euh… disons son talent !
Allez cocotte, la chronique est finie, c'est le moment de passer aux choses sérieuses.
Cote de rareté - 4/ Exotique
Barème de notation
Pendant longtemps, le premier volet des aventures de l'Agent 00 n'avait fait l'objet que d'un DVD multizone chez "Simitar Entertainment". DVD tout simple avec uniquement une version anglaise d'ailleurs, mais le film se suffit à lui même. En 2006, "Mondo Macabro" a édité ce film sur une galette de toute beauté en duo avec Challenge of the Tiger, une friandise où l'on croise Bruce Le et Richard Harrison ! Comme toujours chez cet éditeur, c'est une édition soignée où il ne manque hélas qu'une V.F.
Une VHS américaine au look des plus curieux. Qui est cet imposteur de nain sur la jaquette !?!
Et celle-là, avec ce montage foireux ? N'importe quoi !
En France... rien. Alors que 007 ½ : rien n'est impossible a lui eu droit à son édition vidéo d'époque.