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Panther Squad


Panther Squad

Titre original : Panther Squad

Titre(s) alternatif(s) :Commando Panther, L'Escadron des Panthères

Réalisateur(s) :Peter Knight (Pierre Chevalier)

Producteur(s) :Marius Lesoeur

Année : 1984

Nationalité : France / Espagne / Belgique

Durée : 1h14

Genre : Commando Gros Nichons

Acteurs principaux :Sybil Danning, Donal O'Brien, Jean-René Gossart, Robert Foster, Analia Ivars, Jack Taylor, Karin Schubert, Roger Darton

Techniciens :Roger Fellous

Nikita
NOTE
3.5/ 5

Quand, dans les années 1980, l’industrie du spectacle cinématographique s’orienta vers des niveaux de spectaculaire et de technicité encore jamais vus, un douloureux dilemme se posa aux artisans indépendants du cinéma bis à l’ancienne : s’adapter, se reconvertir, ou périr ? A Eurociné, on ne se posait pas de questions : y’a pas de soucis, comme ça fait trente ans qu’on fait du vrai cinéma populaire de qualité, on peut bricoler sans problèmes du Spielberg, du Lucas ou du James Bond, ça va le faire ! C’est ainsi que la société de Marius Lesoeur et de son fils Daniel s’aventura sur le terrain d’un cinéma d’action à grand spectacle avec stars hollywoodiennes, effets spéciaux à couper le squeele, cascades ébouriffantes et somptueux combats d’arts martiaux dans une magistrale histoire d’espionnage à ridiculiser tous les 007 de la création. La bande-annonce d’époque ne lésinait pas sur l’enthousiasme, en claironnant fièrement « Si vous aimez James Bond, si vous admirez Belmondo, alors vous aimerez... Panther squad ! » Sauf que non : à l’arrivée, vous aurez Sybil Danning en pantalon de cuir comme principal intérêt du film, une équipe de cruches en short moulant, et une action de patronage interprétée par des figurants espagnols sous-payés en packs de cerveza.



On est au fond du fond de la démence d’Eurociné, à l’époque où la compagnie franco-ibère nous servait des longs-métrages si hallucinants qu’on se demande qui pouvait bien accepter de les distribuer, de les projeter, voire d’aller les voir. Tourné par Pierre Chevalier (alias Peter Knight), réalisateur de vingt-cinquième ordre, « Panther Squad » ressemble grosso modo à un épisode des « Saintes Chéries » qui tenterait de se déguiser en « Miami Vice ».


Le président des Nations-Unies, sorte de poivrot mal dégrossi…


…dont on voudrait nous faire croire qu’il parle devant cette auguste assemblée.




« Remerciements à l’Aérospatiale ».


La « Jeep de l’espace », qui ne ressemble absolument pas à la fusée aperçue lors du lancement. Et pour cause, il s'agit... d'un stock-shot de « San Ku Kaï » !



L’action se déroule dans un futur indéterminé, où le monde semble dirigé par la Nouvelle Organisation des Nations ("New Organisation Of Nations", alias N.O.O.N.). Dans le cadre du programme de conquête spatiale, le lancement d’une fusée révolutionnaire, la « Jeep de l’espace » (à grand renfort de stock-shots de fusée Ariane : l’Aérospatiale est d’ailleurs remerciée au générique), est interrompu par une organisation écologiste terroriste, « Clean Space – Espace Net », qui réclame l’arrêt des essais spatiaux et prend le contrôle de la fusée grâce à un appareil futuriste. La Jeep de l’espace et son pilote étant coincés dans l’espace, la seule autre personne formée pour piloter un autre engin de ce type est enlevée par les éco-terroristes. C’est le moment pour N.O.O.N. de faire appel à son meilleur agent, Ilona, sorte de James Bond en cuir noir interprétée par une Sybil Danning au top de sa séduction germanique.




Sybil Danning.


Les méchants écolos (et leur otage) : Jean-René Gossart…


…et Karin Schubert.




Les responsables des Nations Unies et des services secrets : ces guignols décident du sort du monde !




Sybil tatane des blousons noirs au ralenti.



Ladite Ilona, après une enquête digne des meilleurs épisodes du « Club des Cinq », découvre que le pays sud-américain de Guasura est mêlé à l’affaire et va aussitôt se rendre sur place pour mener l’opération en compagnie de l’agent local Frank Bramble et reformer au passage son commando 100% féminin de « l’escouade des panthères », histoire de mettre un peu de fesse dans cette histoire tout en allant péter la gueule aux méchants. C’est donc une action trépidante que nous promet « Panther Squad », pour ne nous fournir à l’arrivée qu’une espèce de bouillie pour les chats que même dans les séries télé bulgares, hé ben y font mieux qu'ça. L’intégralité du film irradie une pauvreté proprement terrifiante, mêlant les plans misérables aux stock-shots mal intégrés, les acteurs paralytiques aux figurants frappés d’arthrose, dans une esthétique à mi-chemin entre « Derrick contre le tueur des maisons de retraite », « Black Emanuelle chez les bamboulas » et une série télé policière polonaise tournée en banlieue de Gdansk.


Sybil Danning et Jack Taylor.


« L’Escouade des panthères » au grand complet.


Tiens, c’est Analia Ivars, celle qui jouait la tarzane dans « Les Amazones du temple d'or ».


« Allez, les filles, au pieu ! Qui fait dodo fait bien son boulot ! »



Les efforts d’Eurociné pour tenter de nous vendre leur soupe comme une superproduction enivrante de spectaculaire sont quelque peu mystifiants, les informations selon lesquelles leurs films étaient conçus tout à fait au premier degré amenant à se poser des questions sur l’équilibre mental de Marius Lesoeur and son. Que l’action soit rachitique, les tentatives d’humour misérables et le scénario écrit en un quart d’heure sur un coin de l’addition (non payée) de l’auberge de l’hôtel où logeait l’équipe n’est encore rien : avec Eurociné, on est habitués. Mais le "plus" de « Panther Squad » tient dans son accablante volonté d’abandonner le rythme mollasson de bien des films des Lesoeur pour nous infliger une action nerveuse, accompagnée par une musique emphatique au possible, mix de James Bond et de « Drôle de dames ».


La feinte du père Lafeinte.


On voudrait bien y croire, mais la donzelle est aussi musclée qu’une allumette.



A ceci près que Pierre Chevalier, sans doute le cinéaste le plus ringard jamais employé par Eurociné (« La Pension des Surdoués », c’était lui !), est aussi doué pour filmer un récit d’action qu’Andy Milligan pour tourner un remake de « Sissi Impératrice » : tentant pitoyablement de donner un peu de lustre, grâce à des ralentis chichiteux, à des combats mal réglés au possible, le vieux Chevalier, qui signe ici son avant-dernier film (son dernier étant « Foutez-moi par tous les trous »), apporte une piteuse épitaphe à une carrière sinistrée. Du décor en papier peint destiné à nous faire croire qu’une scène se passe aux Etats-Unis aux simili-effets spéciaux en mousse, aucune ficelle de la série Z de caniveau n’est oublié, le film tentant de donner le change au spectateur avec une impuissance d’eunuque.


Mais puisqu’on vous dit que c’est filmé aux Etats-Unis !






Sybil contre un Chinois.




Sybil use de l’atout charme pour estourbir les sentinelles.



Sybil Danning, montrée sous toutes les coutures sans jamais dévoiler grand-chose de son anatomie (une manière d’exploit technique, qui tient intégralement au physique de la dame et à son costume), est la vedette incontestée du film et semble s’amuser, ce qui lui permet de dominer de la tête et des épaules une distribution formée essentiellement de rogatons du cinéma bis. Dans le rôle de la chef des méchants écologistes, les connaisseurs auront plaisir à retrouver Karin Schubert (« La Folie des grandeurs », « Black Emanuelle en Afrique », etc.) qui commençait, à peu près à la même époque, à travailler dans le porno hard, et dont le faciès fatigué laisse hélas entrevoir la déchéance personnelle ; l’autre chef de « Clean Space » étant interprété par Jean-René Gossart, rentré dans la légende du cinéma grâce à son personnage de missionnaire pochetron dans « Les Amazones du temple d'or ». Citons les apparitions de Roger Darton (acteur comique belge) dans le rôle d’un fonctionnaire du N.O.O.N. et de Donal O’Brien, qui apparaît la bagatelle de trente secondes dans le rôle d’un vague général en train de donner des ordres au téléphone : ça c’est de la guest-star ! A croire que le rôle du brave Donal a été filmé en une demi-heure ou intégré en stock-shot.


Donal O’Brien, la guest-star la plus inutile de tous les temps.



Jack Taylor, dans le rôle de Frank, est de loin le meilleur comédien de la bande, ce qui lui permet d’être le seul à pouvoir espérer piquer un peu la vedette à Sybil : déjà vu dans « L’Ange de la Mort », cet acteur américain expatrié en Espagne tire assez bien son épingle du jeu en agent secret alcoolique et totalement inutile (sorte de Bosley au rabais pour l’équipe des Drôles de dames de Sybil), bien que le gag du poivrot fasse assez vite long feu.






Jack Taylor en pleine action.




L’une des rares scènes où il sert à quelque chose, en descendant un sbire sans même viser.



Autre habitué d’Eurociné, Antonio Mayans, alias Robert Foster, illumine la dernière demi-heure du film dans son rôle de grand méchant : interprétant le dictateur de Guasura, qui se cache en fait derrière les menées écologistes de Clean Space, Foster cabotine littéralement comme un cinglé, hurlant la moitié de ses répliques en gesticulant dans tous les sens. Cette sorte de Fidel Castro au rabais ambitionne de conquérir le monde, sans qu’il nous soit précisé comment il compte s’y prendre, alors que son armée compte au bas mot trente soldats et que sa principale activité semble être de saboter le programme spatial des Nations Unies, ce qui n’a pas sur la marche du monde une incidence immédiate.






Robert Foster au top de sa forme !



Ceux qui ont vu « L’Ange de la Mort » apprécieront sans doute de constater que les deux films ont en commun non seulement des comédiens (Jack Taylor, Robert Foster…) mais aussi des images, à savoir la foule de soldats, aussi enthousiaste que clairsemée, qui acclame le dictateur. La vision des deux films indique que ces plans ont bel et bien été repris de « Panther Squad » pour être insérés en stock-shots (et même en plans fixes !) dans l’autre film.


Nous vaincrons car nous sommes les plus forts et les plus nombreux !


Ouééé, vive le chef !



Quant à l’escouade des panthères, notre honorable clientèle d’obsédés sera sûrement déçue d’apprendre qu’aucune ne se déshabille vraiment : les tenues plus que légères portées tout au long du film par notre greluche’s band suffiront néanmoins à satisfaire un certain nombre de voyeurs, le réalisateur prenant soin de les filmer dans les postures les plus avantageuses, jusqu’à donner à l’ensemble l’aspect d’un vieux sketch du Collaroshow, avec les Coco-Girls en vedette. Guère de sexe, cependant : le film demeure familial et bon enfant, dans l’attente confiante du large public qu’il ne pourra manquer de toucher.










Sybil et son rayon laser dessiné au feutre.




« Eurociné vous en met plein la vue ! Vous resterez admiratifs devant nos stock-shots de techniciens barbus de l’Aérospatiale et nos effets spéciaux digne de Star Wars, que nous n'avons pas du tout piqués à une série télé japonaise comme le prétendent certaines mauvaises langues ! »



Si vous voulez voir ce que le nanar européen des années 1980 a produit de plus bas, sachez qu’il y a plus nul, mais qu’on n’est quand même pas loin du fond : moins "crasseux" que certaines des productions signées à la même époque par Jesus Franco, « Panther Squad » est néanmoins un échec spectaculaire sur le terrain du divertissement tout-public, grâce à un scénario d’un crétinisme indigne du plus mauvais dessin animé et à une carence budgétaire relevant de l’urgence sociale. A ne pas manquer par qui voudrait explorer les arcanes de la production d’Eurociné dernière période.
- Nikita -
Moyenne : 2.57 / 5
Nikita
NOTE
3.5/ 5
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John Nada
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2/ 5
Jack Tillman
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3/ 5

Cote de rareté - 5/ Pièce de Collection

Barème de notation
Sorti en VHS sous divers titres (« Commando Panther », « L’Escadron des panthères », etc.) ce film semble encore ignoré des rééditions DVD.