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Holocauste Nazi : Armes Secrètes du IIIème Reich


Holocauste Nazi : Armes Secrètes du IIIème Reich

Titre original :La Bestia in Calore

Titre(s) alternatif(s) :The Beast in Heat, Horrifying Experiments in the Last Days of the SS, SS Experiment Camp 2, Holocauste Nazi

Réalisateur(s) :Luigi Batzella (alias Ivan Katansky)

Année : 1977

Nationalité : Italie

Durée : 1h25

Genre : Nazixploitation

Acteurs principaux :Salvatore Baccaro, Brad Harris, Macha Magall, Xiro Papas

Nikita
NOTE
2.25/ 5


Attention, cette chronique n’est pas spécialement destinée aux âmes sensibles, et je dois avouer m’être quelque peu tâté avant de me lancer dans sa rédaction (j'espère ne pas me faire d'ennemis et m'excuse par avance auprès des fils et filles de déportés, ou de criminels de guerre, qui fréquenteraient Nanarland). Ce fameux «La Bestia in calore» - son titre original Italien signifie littéralement « La Bête en Chaleur» - jouit (hum) de la réputation d'être le film bis le plus répugnant jamais tourné. Il a en outre le privilège douteux d’être le seul film où l’un des acteurs les plus laids de l'Histoire, Salvatore Baccaro (alias Sal Boris, alias Boris Lugosi!), l’homme-singe de Cinecittà, à qui son visage bestial permettait de jouer des hommes de Néanderthal sans maquillage, interprète le rôle-titre, à défaut du rôle principal.


Réalisé par le Z-Man Italien Luigi Batzella, caché ici sous le pseudonyme d’Ivan Katansky, «Holocauste Nazi» surfe avec une relative habileté sur la mode de la «Nazi-Exploitation», qui fit des ravages dans les années 70, avec une vague de films, majoritairement italiens, étalant des fantasmes sado-sexuels sur fond d’hypocrite dénonciation du nazisme. Cette mode, désagréable entre toutes, avait pourtant des origines nobles, puisque son origine se trouvait dans un film de Luchino Visconti, «Les Damnés » («La Caduta degli Dei», 1969), chef-d’œuvre contant la décadence d’une grande famille allemande, parmi mille turpitudes sur fond de montée du nazisme. Le film abondait en situations sexuelles perverses, sublimées par la mise en scène d’un Visconti à son sommet. Ce formidable film devait cependant avoir une postérité plus que douteuse dans la décennie suivante : l’année 1974 vit en effet la sortie de deux films qui donnèrent le vrai coup d’envoi de la vogue «Nazi-Exploitation» ou «Nazixploitation», ou «Nazisploitation», ou «Porno-nazi», ou «Gestaporn». Aux USA, «Ilsa, She-Wolf of the SS» («Ilsa la louve SS», alias «Le SS était là, les gretchen aussi» !), était centré sur les méfaits d’une doctoresse nazie sexy et sadique dans une débauche de situations scabreuses (le film donna naissance à toute une série de films avec l’actrice Dyanne Thorne, dont Ilsa Gardienne du harem et Ilsa, Tigresse du Goulag )
En Italie, un film plus raffiné, «Portier de nuit» («Portiere di notte»), reprenait deux des acteurs des « Damnés », Dirk Bogarde et Charlotte Rampling, dans une trouble histoire de sado-masochisme entre un ancien SS et une déportée qui se retrouvent après la guerre et recommencent leurs jeux sexuels. Ce dernier film causa un véritable scandale et déclencha aussitôt la ruée des producteurs désireux de surfer sur la vague : en 1975, Tinto Brass signe «Salon Kitty», où Helmut Berger (un autre acteur des «Damnés») sévit au temps du nazisme au sein d’un bordel, où les filles sont notamment obligées de s’accoupler avec des monstres ! (dont déjà l’homme-singe Baccaro !). A partir de là, c’est le déluge de films plus trash et vulgaires les uns que les autres, qui vont pendant deux-trois ans déferler comme un fleuve de boue sur les malheureuses salles de cinéma : «Le Camp des filles perdues », « Les Déportées de la section spéciale SS», «Erika la plus sadique des kapos», et autres «L’Enfer des femmes» ! Ce sous-genre, typique des années 70 où l’on pouvait tout se permettre, a encore quelques fanatiques dégénérés mais, de l’aveu général, compte davantage de navets (antipathiques de surcroît) que de nanars.


Or, quelque part tout au fond de la poubelle, on trouve cet « Holocauste Nazi », qui représente à mon sens le point de décadence ultime d’une mode déjà pas glorieuse. «La Bestia in calore», culte chez nos voisins Italiens (disons chez certains cinéphiles fous italiens, qui en ont fait leur film de référence) est en effet à la fois le plus répugnant – dans ses intentions – et le plus ridicule – par son résultat – de toute la vague de la Nazi-Explotation. Le film gagne de surcroît ses galons de nanar quand on connaît un peu mieux ses origines : en 1970, Luigi Batzella avait tourné avec trois lires et un poignée de spaghettis un film de guerre classique aux prétentions de sérieux, «Quand explose la dernière grenade» («Quando suona la campana»), qu’il avait signé de son autre pseudonyme de Paolo Solvay.


Le résultat était relativement piteux, principalement par la faute d’un budget famélique, mais se laissait tout de même voir d’un œil distrait. Or, quelques années plus tard, notre ami Luigi, réveillé par le bruit du tiroir-caisse des films de Nazi-Exploitation, se décida à tourner son propre «Ilsa». « Mais, Luigi » lui dit le producteur, «c’est pas possible en ce moment, on n’a pas de fric… » « Pas grave ! » lui répond Batzella, en vétéran du Z plein de ressources, « J’ai un film de guerre terminé, là, dont les bobines amassent la poussière dans un coin ! Tout le monde l’a oublié, ce film : en sept ans, tu penses ! On n’a qu’à prendre le métrage, à tourner une demi-heure de nouvelles scènes, et voilà, on a notre porno-nazi ! Bon, dans « Salon Kitty », Tinto Brass montrait des filles accouplées de force à un homme-singe ! C’est une bonne idée, ça ! On n’a qu’à rappeler l’acteur, Salvatore Baccaro – de toutes façons, on le paye en pâte à pizza ! – et à bricoler une histoire sur ce thème ! On reprend deux-trois acteurs de l’autre film pour les scènes de liaison, et on a notre film ! » « Ma, Luigi, tou es génial, Madonna ! » s’exclame le producteur. Et «Holocauste Nazi : armes secrètes du IIIème Reich», mirifique exemple de 2 en 1 italo-nazi, vit le jour…


Les Nazis gagneront-ils la guerre?


Autant le dire tout de suite, le film ne mérite que très occasionnellement son titre de film le plus choquant de l’histoire de la série Z. Il est en revanche remarquable par l’incohérence manifeste résultant du mélange entre les scènes de «Quand explose la dernière grenade» (30% du métrage final, ai-je lu) et celles tournées spécialement pour « Holocauste nazi ». Un film de guerre «sérieux», au ton assez compassé et aux dialogues mélodramatiques (surtout la fin, qui tente carrément de nous tirer des larmes de la façon la plus putassière!), se heurte en effet à des scènes scabreuses dignes du pire cinéma d’exploitation. Le style de mise en scène ne change pas (Batzella étant lui-même l’auteur de toutes les scènes, la réalisation reste également lamentable durant tout le métrage), mais les ruptures de ton aboutissent à un effet véritablement dantesque ! Le contenu des nouvelles scènes tournées par Batzella pour caviarder son propre film est le suivant : à la fin de la Seconde Guerre Mondiale, après l’invasion de l’Italie par les Allemands, une méchante doctoresse SS du genre Ilsa (Macha Magall, jolie mais d’une effrayante nullité) torture les Résistants dans le cadre d’expériences grand-guignolesques. Son idée de génie a notamment été de bourrer un malheureux de substances indéfinies pour le changer en homme-singe libidineux et surexcité.


Salvatore Baccaro gagnera-t-il un oscar?


Fière de sa créature, qui va «donner un spectacle de virilité jamais vu !» (sic), la Fraulein Doktor Krast (je vous jure que dans le dialogue original Italien, on entend «Doktor Trash» !!!! Tout un symbole) s’amuse à faire violer les prisonnières par le monstre, dans le but nébuleux de «créer une race d’êtres supérieurs !» (Sont-ce là les «armes secrètes» promises par le titre français ? On ne le saura pas)


On ne voit pas trop comment les accouplements de ce malheureux Salvatore pourraient aboutir à générer quoi que ce soit de supérieur, d’autant qu’il est assez loin du type aryen parfait, mais baste ! Le spectateur est venu pour voir un homme-singe violer des filles, il va le voir ! (Bon, pas tant que ça, la bête elle-même n'apparaît qu'un petit quart d'heure) Et c’est là que le film atteint à la fois une ignominie de pointe et les tréfonds de la nanardise (simultanément, ce qui est fort): Salvatore Baccaro, nu dans sa cage, s’amuse en effet beaucoup dans son rôle et fait cent cinquante mille grimaces en poussant des grognements, pour bien faire comprendre qu’il est une bête humaine. Le réalisateur, fier d’avoir un monstre sans devoir payer d’effets spéciaux (il faut avouer que ce pauvre gars est d’une laideur assez effrayante) le filme sous toutes les coutures, avec zooms, gros plans et grand angle, en agitant sa caméra pendant que Salvatore fait « hou, hou ! ».


La Fraulein Doktor Krast remportera-t-elle le prix Nobel?


Or, le spectacle se voudrait horrifiant mais atteint des sommets de ridicule rarement vus au cinéma. Visiblement très motivé, l’homme-singe ne fait pas très attention et envoie de la buée sur l'objectif de la caméra lors des gros plans (on n’a pas refait la prise, apparemment). Batzella en rajoute dans l’ignominie dans une scène vers la fin, où le monstre arrache les poils pubiens d’une femme et se met à les manger en bavant. L’image est en effet assez désagréable, mais en partie désamorcée par les grimaces impayables de Salvatore Baccaro et par l’usage très maladroit de ketchup et de peinture rouge lors des scènes de torture.


Luigi Batzella parviendra t-il à choquer ma grand mère ?


Le maître mot est lâché : maladroit ! «Holocauste nazi» se voudrait en effet choquant (pour les scènes de torture et celles de la bête) et émouvant (pour les scènes tragiques de guerre, filmées avec une musique sirupeuse au violon) mais n’est ni l’un ni l’autre tant la misère de son budget est visible à l’œil nu. Rarement figurants auront paru plus démotivés et moins adaptés à leurs rôles : les soldats Allemands sont joués par des italiens aux physiques souvent très latins (certains sont même ventripotents : la Wehrmacht avait-elle des failles dans son programme d’entraînement ??), aux costumes mal ajustés, ou aux casques trop petits. Même les officiers nazis flottent dans leurs costumes ou portent leurs ceintures de travers ! (Le prestige de l'uniforme se perd, même chez les nazis!) Dès que la scène doit contenir plus de cinq ou six figurants, voire des choses hors de prix comme des tanks, des camions ou des avions, on fait un recours massif au stock-shots tirés de documentaires ou d’autres films : le grain de la pellicule est hélas manifestement différent, ce qui fiche la scène par terre.


La Wehrmacht arrêtera t-elle de recruter n'importe qui ?!


Le fin du fin est encore dans les croix gammées : j’ai en effet remarqué que dans un certain nombre de scènes, les svastika (sur les brassards ou les drapeaux) sont…à l’envers ! Il ne s’agit pas d’une inversion de l’image, car on voit cohabiter dans la même scène des croix gammées à l’envers et à l’endroit. Soit le costumier et le décorateur ont fait n’importe quoi, soit il ne restait plus que ça dans les stocks de Cinecittà ! Ou alors, à la fin de la guerre, les nazis n’avaient plus le temps de se pencher sur ce genre de détails…


Le costumier arrivera t-il à trouver le bon sens pour ses croix gammées ?


La reconstitution historique, globalement, n'est même pas au niveau d'une dramatique télé des années 50. A noter également une scène de folie : lors de l'attaque du village par les nazis, alors que les habitants fuient en pleine panique, nous voyons passer au premier plan un vieux paysan, qui croise les Allemands d'un air placide, sans donner le moindre signe d'inquiétude. Il s'agissait visiblement d'un habitant du village où a été tourné la scène, qui faisait sa promenade...On imagine l'instant : «Hé, papy, barre-toi du champ de la caméra! Rhaaa, on la refait!» «Heu, non, patron, y'a plus de pellicule... » «Crotte, bon c'est pas grave, on la garde, si ça se trouve les spectateurs n'y verront que du feu...»
A noter que quelques îlots de dignité surnagent dans ce désastre, notamment dans les scènes unissant le curé du village (joué par l’ancien acteur de péplum Brad Harris, crédité au générique comme «John Braun ») et le chef des Résistants locaux (Kim Gatti). Les deux acteurs sont en effet relativement convaincants (surtout Brad Harris, qui a une certaine prestance et se souvient soudain qu’il a été Heracles dans une scène où il s’empoigne avec les Nazis) On croirait presque, en voyant ces scènes, se trouver devant un film « normal ». Mais ce ne sont là que fragments face au torrent de nullité qui se déverse par ailleurs sous nos yeux.
Alors, le genre «Nazi-Exploitation» peut-il faire un bon nanar malgré le côté intrinsèquement malsain du genre? Après le visionnage de ce film, je réponds par l’affirmative, même si les scènes de viol ou de torture des prisonnières peuvent légitimement choquer (plus par leur esprit que par leur réalisation). «Holocauste Nazi», s’il n’est pas le monument de trash que l’on peut espérer ou redouter, n’en est pas moins un objet filmique particulièrement tordu, qui vise à répondre aux plus bas instincts du public, mais est à l’arrivée comique par son échec même. Il convient néanmoins de connaître l’origine de l'oeuvre et son utilisation massive du métrage des scènes d’un autre film pour véritablement en apprécier la saveur. Le passage intempestif de scènes mélodramatiques ratées à des scènes horrifiques encore plus ratées aboutit à un véritable choc filmique dont même Godfrey Ho envierait la recette ! On se demande par ailleurs si les acteurs du premier film ont apprécié de se retrouver au final dans un deuxième film aussi scabreux. (D’où sans doute le fait que Brad Harris porte un autre nom au générique.) Inutile évidemment de se demander si Luigi Batzella les a payés deux fois… Classique !


Fraulein Krast arrêtera t-elle de perdre systématiquement ses vétements quand elle torture des prisonniers (et ceux-ci apprendont-ils à jouer la comédie correctement ?)


En tout état de cause, même si ce film n’atteint pas les sommets que son statut de culte en Italie laissait supposer, il reste à tous les niveaux un monument de trash. A conserver pour les générations futures ! (Et à réserver aux nanardeurs courageux, quand même!)


Quant à Luigi Batzella, il acheva sa carrière deux ans plus tard par «Strategia per una missione di morte», un film d’aventures avec Richard Harrison, co-produit et distribué en France par Eurociné sous les titres de Lorna, la lionne du désert (ou « La Guerre du pétrole »). Autre classique de la nullité, et belle révérence pour un vieux touche-à-tout du Z !



- Nikita -
Moyenne : 2.38 / 5
Nikita
NOTE
2.25/ 5
MrKlaus
NOTE
2.5/ 5
Rico
NOTE
2/ 5
Jack Tillman
NOTE
2.75/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation
Devant un tel monument de kitscherie complaisante, nul ne pouvait rester insensible. "Artus Films" nous a offert une belle édition V.O/V.F. accompagnée d'une présentation de Christophe Bier (qui d'autre pour un tel film) que nous ne pouvons que vous recommander.



Diverses éditions DVD étrangère ont fleuri, deux japonaises dont une chez "The Klock Worx" (dont nous avons mis la jaquette en en-tête) très certainement pour des raisons hautement éducatives : on peut aussi citer l’édition américaine de "Shriek Show" sous son nom de "SS Hell Camp" avec outre la version anglaise, une version originale italienne, une bande-annonce et des photos ou encore celle plus simple d'"Allegro" dans sa "Full Moon's Grindhouse Collection" (ce qui nous indique que cette crapule de Charles Band l'a distribué aux States) moins chère mais beaucoup plus basique (zone 1 NTSC seulement).