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3 Dev Adam


3 Dev Adam

Titre original : 3 Dev Adam

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :T. Fikret Uçak

Année : 1973

Nationalité : Turquie

Durée : 1h21

Genre : Avant Avengers

Acteurs principaux :Aytekin Akkaya, Yavuz Selekman, Teyfik Sen, Deniz Erkanat, Dogan Tamer

Barracuda
NOTE
2.5/ 5

Retrouver Captain America, Santo et Spiderman à l'affiche d'un film turc, forcément ça fait saliver le nanardeur. Pourtant ce n'est pas tellement surprenant. Quiconque a déjà cotoyé le cinéma populaire turc des années 70 et 80 sait le peu de cas que cette industrie faisait de la propriété intellectuelle, en particulier des films américains à succès. Turkish Star Wars, Turkish Star Trek, Turkish E.T.... Les titres mêmes sous lesquels ces films sont passés à la postérité sont éloquents.


Un film qui promet du « SEXS » !

Ce qui est plus surprenant, c'est quand l'un de ces films se retrouve complètement à côté de la plaque quant à la façon dont il recycle tel ou tel personnage de la pop culture internationale. Si le but est de surfer sur la popularité des super-héros américains, la logique pour satisfaire son public voudrait qu’on présente une version un tant soit peu cohérente avec son modèle. Ainsi même dans d'obscures productions turques ou indiennes, Superman est habillé en bleu et rouge et vole dans le ciel. Tout ça pour dire qu'on se demande encore ce qui a bien pu passer par la tête des auteurs de 3 Dev Adam pour faire de Spiderman... un serial killer sadique !


Les sourcils dessinés par dessus le masque, c'est la classe !

La scénario du film est vite expédié : Santo et Captain America (qui "parle très bien le turc") sont en Turquie sur les traces de Spiderman, célèbre gangster international à la tête d'un trafic d’objets d’art et de fausse monnaie. La lutte contre la contrefaçon est à l'évidence une priorité en Turquie...


Un cross-over comme on n'est malheureusement pas près d’en revoir.

C'est pourtant là le moindre des crimes de l'homme-araignée, qui au cours du film assassine des femmes de façon sans cesse plus cruelle : l'une est étranglée dans sa baignoire avec le tuyau de la douche, une autre a la tête déchiquetée par l'hélice d'un bateau, une troisième est empalée sur un tisonnier. La personnalité psychopathique du Spiderman turc s'exprime aussi vis-à-vis des hommes : il élimine notamment un mafioso rival avec, non pas un banal lance-toiles à la Peter Parker, mais un COUTEAU A CRAN D’ARRET, et punit un de ses pauvres sbires incompétents en lui faisant dévorer les yeux par des rats (en fait deux pauvres hamsters !!).


Mmh, vous êtes sûr qu'ils ont arrêté le bon tueur dans Saw ?

Pour les costumes, celui de Spiderman, vert et rouge, semble clairement avoir été bricolé à partir d'un jogging mité sur lequel on aurait dessiné une araignée au feutre, tandis que celui de Captain America a l'air de venir tout droit du rayon jouets de la Foir'Fouille de Sarreguemines, mais sans son bouclier qui était en supplément.


Le costume de Captain America a beau être ringard....



...il est toujours plus réussi que sa tenue civile ! A noter que ce "Turkish Captain America" est interprété par Aytekin Akkaya, qui jouait le compagnon de Cüneyt Arkin dans Turkish Star Wars, et qu'on a aussi pu voir dans des productions italiennes tournées en Turquie comme Yor, le chasseur du futur ou Le Temple du Dieu Soleil d'Antonio Margheriti.

Santo est plus réussi, mais il faut dire qu'il n'a besoin que d'un masque, d'une cape et d'un legging. Cette austérité vestimentaire jouera d'ailleurs des tours au roi des luchadores : infiltré chez les méchants, il trouve des papiers importants traînant sur un bureau et n'a d'autre choix pour les emmener avec lui que... de les fourrer dans son slip !


Turkish Santo qui dissimule des documents secrets dans son slip, comme le ferait un vulgaire mioche pour chaparder des bonbecs dans l'épicerie du coin.



Ne riez pas, un grand pouvoir implique de grandes responsabilités !

La présence du mexicain Santo entre deux super-héros américains peut surprendre, mais s’explique en fait simplement par la grande popularité du personnage en Turquie dans les années 60 (il y a même paraît-il une statue de Santo devant un cinéma d’Istanbul). Seule entorse majeure au personnage original : son ersatz ottoman quitte régulièrement son masque !


Santo contre les karatékas ! Signe d'un certain soin, le luchador utilise pas mal de mouvements classiques du catch.


On pourrait pardonner le plagiat éhonté, mais les cheveux qui dépassent du masque, c'est trop !

Dans ses deux premiers tiers, le film alterne des phases d'enquête de nos deux héros, de bonnes bagarres à intervalles réguliers et, de temps en temps, Spiderman qui commet un nouveau crime révoltant. C'est dans la dernière partie que commence une espèce de running gag dément : Captain America et Santo arrivent enfin à coincer Spiderman et à le forcer à les affronter d'homme à homme. Seulement voilà : à chaque fois qu'ils croient l'avoir latté une bonne fois pour toutes, un autre Spiderman surgit en criant très fort "HA HA HA !" et ils doivent lui courir après pour le tabasser. Ca dure comme ça jusqu'à la fin, avec pas moins de 9 Spidermen que Santo et Captain America devront déboiter avant de tomber sur le vrai. Ou en tous cas, sur le dernier. On sent bien que ce manège finit par les rendre un peu soupe au lait, vu comment les derniers Spidermen seront respectivement broyé dans un étau industriel, écrasé par un monte-charge et décapité par un train. Ils l'avaient bien cherché, ces p’tits enfoirés !


Alors Spidey, tu fais moins le malin, hein !

On passe un bon moment devant 3 Dev Adam ("Les trois grands hommes" ou "Les trois surhommes"). Le cross-over improbable met tout de suite dans l'ambiance, c'est rythmé, pas trop long et on rigole régulièrement devant les costumes en toc, ou le machiavélisme outrancier de cette ordure de Spiderman. Les scènes de baston sont d’une ringardise réjouissante, avec des coups de pieds patauds au possible, des mandales qui passent à 20 cm de leur cible, des serrages de cou avec grimace de circonstance, des manchettes dignes d’un enfant de cinq ans, des petits sauts nanars de côté, des roulés-boulés sans souplesse, le tout accompagné de bruitages tout ce qu’il y a de plus sommaires. Le final en apothéose conclut avec brio cette friandise pop parmi les plus insolites qui nous soient venues de Turquie.


Ces deux lascars croyaient pouvoir échapper à nos héros, mais ils auraient mieux fait d'investir dans une traction avant.

- Barracuda -
Moyenne : 2.75 / 5
Barracuda
NOTE
2.5/ 5
John Nada
NOTE
3/ 5
Labroche
NOTE
2.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
3/ 5

Cote de rareté - 4/ Exotique

Barème de notation

Jamais sorti en Occident pour d’évidentes raisons de propriété intellectuelle, le film est disponible dans des éditions bootleg sur certains sites de vente en ligne, avec souvent des sous-titres anglais.