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Les Guerriers du Bronx
(1ère publication de cette chronique : 2002)Titre original :1990 : I Guerrieri del Bronx
Titre(s) alternatif(s) :1990 : The Bronx Warriors
Réalisateur(s) :Enzo G. Castellari
Année : 1982
Nationalité : Italie
Durée : 1h29
Genre : ''Les Guerriers de la nuit'' sauce bolognaise
Acteurs principaux :Fred Williamson, Mark Gregory, George Eastman, Vic Morrow, Christopher Connelly, Massimo Vanni, Ennio Girolami, Stefania Girolami, Enzo Girolami
Il est délicat d’aborder une œuvre aussi complète et complexe que Les Guerriers du Bronx... Si le scénario est d’une extrême simplicité, les différents niveaux de lecture sur l’échelle du nanar abondent.
Pour une fois, Mark est une lumière...
Vroummmm !
Nous, on est des rebelles.
Faisons simple et commençons par l’histoire : le film se déroule dans un futur proche, en 1990 (rappelons que ce joyau date de 1982) dans le Bronx, on s’en serait douté. Ce ghetto est le lieu d’affrontements entre plusieurs gangs. Trash, un grand gaillard, est le leader de l’un d’entre eux, le gang des motards. Pour ceux qui n'auraient pas la référence, on est là très clairement en présence d'une resucée italienne du film "Les Guerriers de la nuit" réalisé par Walter Hill en 1979.
Mark Gregory : un comédien complet, qui peut tout jouer très mal.
Le doute.
Le coup de foudre.
La détermination.
L'allégresse.
Le coup de barre de fin de journée.
La douleur du feu aux fesses qui brûle, mais où en même temps il faut quand même tenir en joue le méchant.
Le film se déroule en trois temps : Trash sauve de la mort une jeune femme dont il tombe éperdument amoureux, seulement la police veut absolument la récupérer car elle est la fille d’une personne très influente. Après quelques péripéties, il se lie d'amitié avec le chef d’un clan rival, un grand Noir surnommé « l’ogre » (fièrement campé par notre Fred Williamson préféré) et s’unit avec lui pour aller sauver la donzelle qui, entre temps, a été faite prisonnière.
Fred vs Mark : un duel de gitans titans !
Le karaté pour les nuls, présenté par Fred Williamson.
Ils affronteront, enfin, la police au cours d'une bataille apocalyptique (enfin tout est relatif…).Voilà pour l’intrigue, certes sommairement résumée mais l’intérêt n‘est pas dans l’histoire puisque ce film est une réjouissante perle bis à plusieurs niveaux.
LA FAUNE NEW-YORKAISE DU FUTUR DU PASSÉ
Des fans de tuning rétro...
...qui ont abusé du Rimmel.
Des Hell's Angels hyper motivés...
...comme ce noble biker, fier et ombrageux.
Le fan-club d'Orange Mécanique...
...et des tutos maquillage.
Et le gang des serpillères...
...qui rend un hommage tardif à Pierrot de la lune.
L’esthétique d’abord. Réalisé en 1982, Les Guerriers du Bronx sent les années disco à plein nez. Attention cependant, les seventies sont bel et bien finies… Je ne parle pas du look John Travolta, pantalons pattes d’eph’ et cols pelle à tarte, je pense plutôt à l'esthétique disco gay dans l'esprit des Village People. Car c’est bien d’esthétique gay friendly dont il est question ici !
Dans la bande de Trash, y a eu promo sur les bandanas et les moustaches.
A peu près 90% des acteurs du film arborent fièrement des moustaches (et quelles moustaches !), le cuir est de rigueur et l’on peut relever moult et moult détails qui ne trompent pas : les lunettes sont dignes des plus beaux épisodes de CHIPS, on peut voir des acteurs exhiber audacieusement des bandeaux qui auraient pu être portés par Véronique et Davina lors de séances d’aérobic endiablées, et le chef de la police est vêtu d’un uniforme en cuir noir qui semble avoir été fabriqué sur mesure à San Francisco.
Les méchants : "Bon, va falloir se débarrasser de Mark Gregory, il joue vraiment trop mal..."
"Dis donc Vic, tu sais que Mark, il joue encore plus mal que toi ?!"
"Mouahaha, personne n'a le droit de jouer plus mal que mouaaaah !!!!!"
Mentionnons la performance mono-expressive de Mark Gregory alias Marco Di Gregorio dans le rôle de Trash... Trash pleure à chaudes larmes après la mort de l’un de ses potes, sosie notoire de Freddy Mercury, mais encaisse plus que dignement la mort de la fille dont il est censé être éperdument amoureux…
Marco nous le prouve : en toutes circonstances, il faut savoir rester digne.
"Alors c'est bon, je peux partir voir le concert des Village People ?"
Au niveau de la réalisation, le film atteint quelques sommets. Si l’on peut à juste titre sentir des longueurs au cours des scènes que l’on qualifiera de « cérébrales » (soyons fous), les scènes d’action sont de purs moment de bonheur. Malgré tout le respect que l'on a pour Castellari, sacraliser la moindre de ses oeuvres comme le font certains bisseux intégristes ne me paraît pas honnête (jetez un oeil à La Mort au Large...) et pour ma part, les chorégraphies des Guerriers du Bronx sont d’un autre âge au point de faire passer le moindre épisode de L'Agence tous risques pour un polar hard-boiled digne de John Woo. La scène finale (l’assaut des forces de police) est indéniablement un grand moment de n'importe quoi.
"Et les copains, vous la voulez comment votre part de gâteau ?"
"Flambée !"
Le rapport du film à la réalité est aussi très risible : le film se passe dans le Bronx mais on ne dénombre quasiment qu’un seul acteur noir (l’ogre), cherchez l’erreur (à moins que dans le futur...).
Troisième point particulièrement jouissif : la bande originale. Le film baigne dans une atmosphère très hard-rock (Trash est quand même le leader d’une bande de motards au look vaguement hell’s angels) mais les musiques ont un peu de mal à coller à l'esthétique de durs à cuire. On a plutôt droit a une soupe rock FM que n’auraient pas renié Nicolas Peyrac ou Jean-Louis Capdevielle dans les années 80. On touche au grandiose quand la musique vient illustrer une scène d'un surréalisme complètement kitsch : alors que Trash et sa bande découvrent qu’un de leur pote s’est fait sauvagement assassiner dans un terrain vague, un inconnu se met à jouer de la batterie, comme ça, en plein air. Cette musique à prétention intradiégétique est en fait jouée en play-back et, bien entendu, le comédien-musicien n’est pas réellement dans le rythme. Résultat, une singulière sensation de flottement !
Le gang des hockeyeurs à roulettes...
...avec des leggings noirs et des casques de la Wehrmacht peints en blanc.
Une façon originale d'être ridicule en société.
En conclusion, Les Guerriers du Bronx s’impose comme un nanar de référence. Film culte depuis longtemps, il ne cesse de se bonifier avec l’âge : plus notre cinéma devient speed et esthétisant, plus notre musique devient fouillée et aboutie et plus son taux de nanardise augmente. Cette vision des années 90 est donc un pur régal.
Un film approuvé à 100 % par les deux moustachus joviaux.
Entretiens
Cote de rareté - 1/ Courant
Barème de notationL'éditeur "Blue Underground" a ressorti les 2 films en Blu-ray avec pléthore de bonus inédits (entretien et commentaire audio avec Castellari, rencontre avec Massimo Vanni et même un point spécial sur l'armement utilisé dans le film). Hélas, pas de VF, juste une piste anglaise avec sous-titres français.
A noter qu'en Allemagne, il existe un "Guerriers du Bronx 3" qui n'est autre que Les Rats de Manhattan de Bruno Mattei. Délires de la distribution...