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Capital Punishment

(1ère publication de cette chronique : 2005)
Capital Punishment

Titre original : Capital Punishment

Titre(s) alternatif(s) :Kickbox Terminator, La main de la justice

Réalisateur(s) :David Huey

Année : 1991

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h29

Genre : Un bourrin dans la ville

Acteurs principaux :David Carradine, Gary Daniels, Mel Novak, Gerald Okamura, Tadashi Yamashita, Linda Lightfoot, Ava Fabian

Wolfwood
NOTE
3.5/ 5


Un DVD allemand avec un titre qui y va fort.


S'il y a une boîte encore active sur laquelle on peut compter en matière de mauvais films sympathiques, c'est assurément Cine Excel. Bien qu'habituée aux plagiats fauchés (tel « Vampire Assassin », qui lorgne ostensiblement du côté de « Blade »), l'une de nos maisons de productions préférées est aussi responsable d'œuvres originales tout aussi foireuses, et ce depuis quelques années déjà. Le métrage qui nous intéresse ici semble être l'une de leurs premières contributions au 7ème Art. Une telle conjoncture d'éléments favorables ne peut dès lors que faire fantasmer l'esprit malade du cinéphile déviant. Toutefois, accoucher d'un vrai naufrage filmique reste un travail difficile et une telle entreprise, aussi respectable soit-elle, n'est rien sans une équipe au diapason. A ce niveau, les noms qui apparaissent à l'écran laissent présager les sommets que nous allons effectivement côtoyer.


Attardons-nous en premier lieu sur les acteurs. Le héros est ici campé par le pas croyable Gary Daniels (fidèle de la firme avec « Pocket Ninjas » et « Reptilicant ») dont le jeu de jambes s'élève bien plus haut que les talents de comédien. Comme à son habitude, sa simple apparition à l'écran suffit à insuffler au métrage un charme particulier, détruisant avec maestria toute trace de crédibilité chez son personnage, qui n'avait pourtant pas besoin de cela pour apparaître ridicule, notamment de par son incroyable aptitude à se faire assommer et droguer, nous gratifiant ainsi du premier justicier narcoleptique du cinéma d'action. Un Gary Daniels, ça peut tout jouer :


La rage (sans doute).

La détermination (ça reste une possibilité).
La colère (enfin, il semblerait).


L'autre tête d'affiche, c'est David Carradine, qui, jusqu'à preuve du contraire, joue bel et bien dans le film. Si nous utilisons le conditionnel, c'est que tous ses passages devant la caméra, à une exception près, se feront à l'intérieur de son bureau, où il ne fait que trois choses : passer des coups de fil, fumer, la dernière possibilité se résumant à réaliser un combo de ces deux activités. Il est aussi intéressant de remarquer que notre ami se fout royalement de son personnage, attendant ostensiblement l'heure de la paie.


Je vais m'en griller une, tiens…


Allô Quentin ? C'est David. Dis-moi, tu le réalises quand ton film ?

Non parce que là j' me fais chier, grave…

Le seul plan où David apparaît accompagné.


La distribution s'étoffe encore et on peut ajouter le taulier Mel Novak, Tadashi Yamashita, la prometteuse Linda Lightfoot ainsi que l'ébouriffant Gérald Okamura, certes dans un petit rôle, mais venant compléter à merveille ce casting assez exceptionnel.


Mel Novak, toujours aussi bien informé.


Gégé Okamura.

Linda Lightfoot, qui ferait bien de dormir d'avantage.


Dans les coulisses, la réalisation est attribuée à David Hue, alias David Huey, autrement dit le big boss de Ciné Excel himself, le producteur exécutif associé étant K.Y. Lim, une vieille connaissance de Bruce Baron (voir l'interview de ce dernier pour de plus amples informations sur celui que l'on appelle "Kim le fourbe"). Une bien belle équipe de winners donc, magistralement secondée par un pool de scénaristes dopés à un peu n’importe quoi. L'histoire nous raconte les aventures d'un dénommé Thayer (ou Tyler, tout dépend du doubleur). Celui-ci, expert en arts martiaux, utilise ses dons dans des combats plus ou moins clandestins. Il se retrouve contraint d'aider la police dans une affaire impliquant Nakata, son ancien maître.


Nakata (Tadashi Yamashita).




The revival of the training avé les pastèques.


Ce dernier est en effet le chef d'un réseau visant à introduire dans le pays une nouvelle drogue, le kill. Malheureusement pour notre trafiquant, cette substance n'est pas au point, provoquant des anomalies génétiques sur les bébés, pour peu que les parents en aient consommé. Gary se voit alors contraint de participer à un combat truqué durant lequel son adversaire devra faire semblant de mourir pour pouvoir témoigner contre l'ancien mentor de Thayer.


Un héros qui en a dans le slip…


…normal, c'est un Thayer !


Toutefois, il se rend compte trop tard que tout ceci n'était qu'un vilain coup monté et que les flics participent eux-mêmes activement au trafic. Gary est alors poursuivi par la police et les sbires de Nakata, ce dernier voulant récupérer notre boule de testostérone et réaliser des tests sur lui dans le but de perfectionner sa drogue. Gary, recherché pour meurtre, n'aura alors de cesse de vouloir prouver son innocence et ne pourra compter que sur son aptitude à distribuer marrons, caramels et friandises en tout genre.

C'est via ces scènes que l'on peut d'ailleurs assister à des chorégraphies de combat parmi les plus mal réglées qui puissent se voir sur un écran : coups retenus, figurants se jetant benoîtement sur les poings de notre redresseur de torts, nervis attendant patiemment leur tour pour passer de vie à trépas, utilisations d'objets étonnants pour occire son agresseur (queue de billard mais aussi chaussette…), tout y passe pour notre plus grand bonheur et seul le combat final échappe au désastre ambiant.






Un sbire assommé par un carton vide.


Et en plus ça les fait marrer !


Notre bovin de héros pourra heureusement compter, dans sa folle quête de justice, sur une femme flic aux méthodes plus qu'expéditives, qui ferait presque passer l'inspecteur Harry pour un mignon petit chanteur à la croix de bois. Ainsi, lorsque cette dernière a maille à partir chez elle avec des hommes de main de Nakata, elle décide tout naturellement d'allumer le gaz, de prendre un briquet et de faire exploser sa propre maison, afin de venir à bout du seul et unique sbire à moitié assommé encore présent à l'intérieur. Effarant.






Une méthode anti-sbires radicale !


Dis comme ça, le joyeux n'importe quoi qui tient lieu de scénario ne semble être qu'un prétexte à une avalanche de mandales. On ne s’en plaindra évidemment pas, pas plus que les déductions hallucinantes de notre héros et les interventions impromptues d'hommes de main patibulaires, sachant toujours où se trouve Thayer et entrant dans les commissariats ou les bars armés de pistolets mitrailleurs sans éveiller le moindre soupçon, le récit tout entier étant parsemé de ces incohérences qui ont l’art de laisser le spectateur pour le moins perplexe.


Gary Daniels découvrant la vacuité du scénario.


Mais cela ne s'arrête pas là. Non content de nous livrer une trame scénaristique consternante, les margoulins de Cine Excel se livrent comme à l'accoutumée à une débauche d’indigence, tant au niveau des effets spéciaux et de la pyrotechnie que des décors et des accessoires. Là encore, on fonctionne à l'économie pour retrouver les bonnes vieilles recettes qui ont fait le (petit) succès de la firme.


Un film Cine Excel sans scène d'entrepôt n'est pas un film Cine Excel.




"La torture à petit budget", leçon 2 : l'électrocution avec des bâtonnets d'encens.


On aurait également tort de ne pas se pencher d'avantage sur le travail de David Huey, réalisateur totalement incompétent s'il en est. Véritable stakhanoviste du plan raté, son film est si mal monté qu'il nous donne l'impression d'être en face d'une avalanche de stock-shots. Les faux raccords sont ici légions, surtout dans la dernière partie du film où, lors d'un twist final magistral, le grand Mel Novak réapparaît, chose d'autant plus surprenante lorsqu'on sait que son personnage est déjà mort plusieurs fois au cours du film. Cette partie est tellement mal filmée qu'on jurerait que notre ami et son comparse Gerald Okamura n'ont pas tourné la scène en même temps que le reste des acteurs. L'autre possibilité étant que le monteur du film soit mal-voyant, ce qui n'est peut-être pas exclu non plus.




Un duel d'anthologie.


L'apothéose est toutefois atteinte quelques minutes plus tard : débarrassé de Nakata, Gary se lance à la poursuite du chef corrompu de la police, David Carradine, ce dernier se trouvant non plus dans son bureau mais au volant d'un camion. La scène est censée se passer en plein centre-ville, mais lors d'un passage sur un pont, notre justicier décide de lancer une seule petite grenade pour faire exploser tout l'édifice et le véhicule avec. Jugez par vous-même, l'effet est saisissant.






Un splendide faux raccord (sans doute doublé d'un merveilleux stock-shot).


Véritable festival de montage catastrophique, de rebondissements rocambolesques, de dialogues navrants (le capitalisme en prenant encore une fois pour son grade) et d'acteurs au top de leur forme, le tout au service d'une histoire sans queue ni tête, ce film vaut sans conteste son pesant de cacahouètes, tout pataugeant à pieds joints dans l'amateurisme le plus épais et laissant présager ce que l'une de nos boîtes de production favorites allait devenir, à savoir une référence en matière de productions ringardes.

Seul ou à plusieurs, ce film est un grand moment. Cine Excel est grand, vive Cine Excel.

Un immense merci à Nikita pour ses caps et son aide précieuse.

- Wolfwood -
Moyenne : 2.97 / 5
Wolfwood
NOTE
3.5/ 5
Nikita
NOTE
3/ 5
Peter Wonkley
NOTE
4/ 5
Barracuda
NOTE
2.5/ 5
Kobal
NOTE
3.75/ 5
Wallflowers
NOTE
2/ 5
Rico
NOTE
2/ 5
Jack Tillman
NOTE
3/ 5

Cote de rareté - 3/ Rare

Barème de notation

Le film a été édité en DVD aux Etats Unis par Trinity Home Entertainment, l'occasion d'apprécier une jaquette s'inspirant à peine de « The Punisher ».


Pour profiter de la VF, il faudra compter tomber sur l'édition VHS de "Partner & Partner" (visuel en jaquette) ou celle esthétiquement similaire de "Fox Vidéo".