Ce site web utilise des cookies, uniquement à des fins statistiques.
Ils nous permettent de connaître la fréquentation de notre site web, et les contenus qui vous intéressent.
Dans une interview instructive et haute en couleur qu'il avait gracieusement accordée à Nanarland, Nick Nicholson revenait sur sa carrière sans l'ombre d'un complexe, nous révélant les arcanes du cinéma bis philippin. Nick nous a quittés le 11 août 2010.
« Un film avec Nick Nicholson !! » hurlaient dans les années 1980 certaines jaquettes, comme celle de « Laser Force », dans l'espoir d'appâter le gogo bigleux qui confondrait Nick avec Jack et un Z philippin avec une superproduction américaine. Mais Nick Nicholson, qui était-ce donc ? Seul les bissophiles impénitents s'étaient souciés d'identifier derrière ce nom un individu aux allures de vieux pirate, tantôt barbu, tantôt moustachu.
Nick Nicholson fut, avec Mike Monty, l'un des visages les plus récurrents des séries B et Z tournées aux Philippines durant la décennie 80. Sans jamais atteindre le (très relatif) niveau de vedettariat d'un Romano Kristoff, Nick Nicholson (parfois crédité sous les noms de Nick Nichols ou de Nick Nickelson) accusait une filmographie plutôt conséquente. Nous ne savions rien de lui sinon que l'homme semblait toujours résider aux Philippines de façon permanente. L'un des membres de la team Nanarland ayant retrouvé la trace de Nick - internaute impénitent - sur divers forums, nous avons pu prendre contact avec ce vétéran d'un certain cinéma et obtenir une très intéressante interview, qui nous a éclairés sur une sacrée vie de bourlingue.
Daniel (dit Nick) Nicholson est né le 19 avril 1947, à Redford, dans l'état américain du Michigan. A 17 ans, le jeune Daniel arrête sa scolarité et trouve un débouché professionnel dans l'armée. Servant dans la marine de guerre durant le conflit vietnamien, « Nick » découvre l'Asie et notamment, durant ses permissions, l'archipel des Philippines. Le jeune américain, qui a toujours détesté le froid et la neige de son Michigan natal, tombe amoureux du climat local, mais surtout de l'art de vivre philippin. A tel point que, démobilisé au début des années 1970, Nick ne parvient pas à se réadapter à la vie américaine. Ne souhaitant à aucun prix retrouver la neige du Michigan, il va repartir en Asie à la première occasion et faire le choix de se fixer définitivement aux Philippines, choix qu'il ne regrette aucunement aujourd'hui : « Si j'étais resté aux Etats-Unis, je serais peut-être en prison ou bien mort à l'heure qu'il est ! »
Nick va faire un certain nombre de métiers durant ses premières années de vie aux Philippines : il travaille comme mécanicien quand l'oncle d'un de ses collègues, qui travaille pour des studios de cinéma, le tuyaute pour tenir un petit rôle de méchant blanc dans un film d'arts martiaux tourné sur place, « Kill the tiger ». Nick accepte volontiers, la journée de tournage lui rapportant l'équivalent d'une semaine de salaire. Le film est produit par la compagnie Kinavesa (alias « Silver Star »), dirigée par le producteur sino-philippin K.Y. Lim.
Nick et deux collègues sur le tournage de « Kill the tiger ».
C'est le début d'une longue passion pour le cinéma : n'ayant guère de formation d'acteur, Nick apprend sur le tas et va travailler à de nombreuses reprises pour Lim, notamment sous la direction de réalisateurs comme Teddy Page (alias Teddy Chiu) et, surtout, le roi de la série B philippine Cirio H. Santiago. La filmographie exacte de notre ami est difficile à établir, car lui-même ne s'est guère soucié d'établir une liste précise de ses films. Il collectionne des apparitions souvent non créditées au générique, ainsi que dans des films philippins qui n'ont jamais atteint les écrans occidentaux. Sans s'illusionner sur la qualité des films qu'il tourne, Nick multiplie les emplois : contrairement à la plupart des autres « acteurs » occidentaux installés aux Philippines, il va au fil des années s'impliquer dans l'écriture de scénarios, la direction de casting et l'assistanat de réalisation, travaillant comme homme à tout faire sur de nombreux films, aussi bien des oeuvres philippines que des productions occidentales tournées dans les décors naturels philippins.
Nick cabotine un brin dans « Dune Warriors », de Cirio H. Santiago.
Parallèlement, Nick continue d'avoir d'autres activités professionnelles, travaillant comme vendeur de motos ou comme agent de change (entre autres métiers). A la fin des années 1970, il est figurant sur « Apocalypse Now », qui marque un tournant pour l'activité cinématographique aux Philippines... et pour Nick qui, parti pour travailler une semaine, se retrouve à travailler pendant un an sur cette superproduction au tournage insensé ! La vogue des films sur le Vietnam va entraîner dans les années suivantes un grand nombre de tournages de coproductions, profitant aussi bien des décors naturels de l'archipel que des infrastructures laissées sur place par le film de Coppola.
Au fil des années 1980, Nick Nicholson semble avoir abandonné ses autres activités professionnelles pour vivre à plein temps de son travail pour le cinéma : il est aussi bien comédien que relais sur place de coproductions internationales. Il tient des seconds rôles importants dans nombre de « faux films américains » produits par K.Y.Lim. ou Cirio H. Santiago. Ces films bis philippins, tournés pour l'exportation avec des acteurs occidentaux, encombrent alors les vidéo-clubs en proposant nombre de sous-Rambo et de sous-Chuck Norris.
Nick en compagnie de Linda Blair sur le tournage de « SFX Retaliator ».
C'est la grande époque des Richard Harrison, Romano Kristoff et autres Max Thayer : sans jamais accéder aux premiers rôles, Nick acquiert, comme Jim Gaines, Mike Monty et d'autres, un semblant de notoriété. Sbire du parrain dans « Laser force », officier soviétique dans « Commando Massacre », Nick pointe également son nez dans des productions plus importantes, comme « American Warrior » avec Michael Dudikoff (dont il se souvient comme d'une espèce de sous-James Dean) et surtout « Platoon » d'Oliver Stone, sur lequel il est également assistant de production et dont il garde un souvenir extraordinaire. Dès qu'une équipe de tournage a besoin d'un visage « occidental », Nick est disponible, comme d'ailleurs Mike Monty ou le métis noir américano-philippin Jim Gaines.
Un petit rôle pour Nick dans « American Warrior ».
Parallèlement, Nick mène une vie de bâton de chaise dans les quartiers chauds de Manille : alcool, drogue et putes pas chères, c'est la fête pour lui et ses copains occidentaux expatriés ! Mais l'activité du cinéma philippin va décliner à partir du début des années 1990 : le marché international se lasse des séries B cheap tournées dans l'archipel et les conditions de tournage cessent d'être attirantes avec les changements de gouvernements philippins. Les films se font plus rares ; Nick continue toujours de travailler, traînant sa vieille trogne dans des films toujours aussi improbables, comme « Désirs secrets », un porno-soft minable de Joe D'Amato, où il campe un lord anglais cocu et content particulièrement peu crédible.
Nick meurt dans « Zombi 4: After Death ».
Nick et sa trogne de Gaulois ayant abusé de crystal meth dans « Fighting Spirit ».
Au début des années 2000, Nick doit arrêter de travailler pour le cinéma suite à des ennuis de santé : notre ami a trop brûlé la chandelle par les deux bouts et son coeur ne tient plus le coup. Après avoir envisagé la rédaction d'un livre de souvenirs, « Fish heads and rice », Nick passe de plus en plus de temps sur Internet, racontant sa vie dissolue d'expatrié à plaisir sur des forums de discussion, avec moult détails plutôt crus sur sa carrière dans le bis philippin et ses à-côtés. Vivant de petits boulots et d'amours éphémères entre deux crises cardiaques, Nick décède finalement le mercredi 11 août 2010. Rideau pour un personnage au vécu peu banal et au franc-parler réjouissant, qui restera au nanar philippin ce que Joseph Conrad, Blaise Cendrars, Henry de Monfreid ou Georges Arnaud sont à la grande littérature.
Sans avoir jamais été une vedette, ni a fortiori un grand acteur, Nick Nicholson contribue par sa présence à mettre un peu de piment dans les nanars exotiques les plus improbables. Le fait de connaître la vie du bonhomme et sa personnalité de vieux forban jouisseur contribue grandement au plaisir de le retrouver dans autant de zèderies du bout du monde. Un vrai aventurier : sans doute, au temps jadis, serait-il devenu corsaire... Mais il a choisi le nanar, pour notre plus grand plaisir. So long, Nick !
Attention, photo collector : Nick pose avec Charlotte de Turckheim (!) sur le tournage du film "Les oiseaux de passage", tourné aux Philippines en 2001.
Liens utiles :
Le blog Pinoywood de Nick Nicholson
Le blog perso de Nick Nicholson
Nick, après une cascade à balle réelle sur le tournage de Laser Force, où il double un Max Thayer pas très chaud à l'idée de se faire tirer dessus au M-16.
Dans une interview instructive et haute en couleur qu'il avait gracieusement accordée à Nanarland, Nick Nicholson revenait sur sa carrière sans l'ombre d'un complexe, nous révélant les arcanes du cinéma bis philippin. Nick nous a quittés le 11 août 2010.
Entretiens
Films chroniqués
Filmographie
1973 - Kill the tiger
1979 - Apocalypse now
1985 - Ninja warriors
1985 - Vengeance (Naked vengeance)
1985 - The Day They Robbed America / The Sangley Point Robbery
1985 - The Devastator
1985 - Laser force (Deadringer)
1985 - Slash le découpeur (Slash)
1985 - American warrior (American ninja)
1986 - Jailbreak 1958
1986 - War without end
1986 - Silk
1986 - Platoon
1986 - Eye of the eagle
1986 - Apocalypse warriors (Equalizer 2000)
1986 - Les Nouveaux conquérants (Future Hunters / Deadly quest / Spear of destiny)
1987 - Le Ninja blanc (American Ninja 2: The Confrontation)
1987 - Commando massacre (No dead heroes)
1987 - Get the terrorists
1987 - Fast gun
1987 - Demon of paradise
1987 - Mission accomplie / Kick boxing (The Fighter)
1987 - Action is not missing
1987 - SFX Retaliator
1988 - Saïgon commandos
1988 - The Expendables
1988 - Dog Tags
1988 - Death Bond
1988 - American heroes 1 (A case of honor)
1988 - Spyder
1988 - Battle rats
1988 - Zombie 4 / After death (Oltre la morte)
1989 - Blood Chase
1989 - Le Dernier Assaut / The Firebase (The Siege of Firebase Gloria)
1989 - Né un 4 juillet (Born on the Fourth of July)
1990 - Terror in Paradise
1990 - Sudden Thunder
1990 - Enemy / Fatal Mission
1990 - Dune Warriors
1990 - Blood Hands (id. / Kickbox Terminator)
1990 - Kaaway ng batas
1991 - Eternal Fist
1991 - Blood Ring
1992 - King of the Kickboxers 2 (Fighting Spirit)
1992 - Triple Impact
1992 - Apocalypse warriors (Raiders of the sun)
1992 - Cordora: Lulutang ka sa sarili mong dugo
1993 - Beyond the call of duty
1993 - Kill zone
1993 - Black belt II
1993 - Live by the fist
1994 - Deathfight / Rage
1994 - One man army
1994 - Angel of destruction
1994 - Désirs secrets (La Casa del piacere)
1995 - Ultimate Revenge
1995 - Raw target
1995 - Hopefully, Once More (Sana maulit muli)
1996 - Sobra sobra, labis labis
1997 - L'Amour en embuscade (Love in ambush)
1997 - Vulcan
2001 - Les Oiseaux de passage (Birds of passage)