Casper Van Dien

S’il y a un acteur qui, aux yeux du grand public, représente bien la série B et le Direct-to-video, c’est Casper Van Dien. Pour beaucoup, c’est même le prototype du has been qui n’a jamais su rebondir après le succès de Starship Troopers et a disparu dans les tréfonds du n'importe quoi filmique. Ce serait pourtant très réducteur de le reduire à ça tant Casper n’a jamais quitté l’écran, même si celui-ci a été plutôt petit que grand. En effet, quand on regarde sa filmographie, c’est Starship Troopers qui est plutôt un accident heureux dans la carrière d’un comédien qui s’est sciemment construit une niche à la télévision et dans les vidéo-clubs. Depuis les années 1990, il a toujours tourné, généralement en tête d’affiche, dans des productions de plus en plus modestes certes, flirtant parfois avec le nanar et le Z, c'est vrai, mais toujours rentables et lui assurant une véritable aisance financière, une notoriété et une communauté de fans fidèles de par le monde.

Ce qu’il y a aussi de passionnant quand on s’intéresse à lui… c’est pas lui. Van Dien est un gars à la vie plutôt saine et équilibrée, la tête sur les épaules, qui, dès son arrivée à Hollywood, a su immédiatement trouver des rôles, et a été reconnu comme une valeur sûre et fiable à la télévision. Et si, après le triomphe de Starship Troopers, il n’est pas rentré dans la A-list des comédiens bankables, il a su capitaliser sur ce coup de projecteur pour poursuivre son bonhomme de chemin sans connaître de véritable déchéance ou d’excès. Non, plutôt l’existence parfaitement normale d’un acteur qui n’a jamais cessé de bosser et qui, jusqu’à aujourd'hui, continue à aligner chaque année apparitions télé et petites productions vendues sur son nom.

En fait, ce qu’il y a de fascinant, c’est que dès qu’on plonge dans sa filmographie pléthorique, alignant 4 à 5 titres par an depuis le milieu des années 1990, on se retrouve face à une véritable stratigraphie de presque 30 ans de séries B nous permettant d’embrasser l’évolution du cinéma d’exploitation au travers de toutes les modes et les filons du moment.

Casper Robert Van Dien Jr est né le 18 décembre 1968 à Milton, en banlieue de Pensacola, au Nord Ouest de la Floride, base militaire où est stationné son père Casper Sr, officier pilote dans les marines. La famille Van Dien est une vieille lignée de militaires depuis le XVIIème siècle et l'enfance de Casper est rythmée par les changements d’adresse liés aux affectations de son père, y compris au Japon. Pour l’anecdote, il réside plusieurs années à Ridgemont dans le New Jersey, ville d’origine de sa famille où on trouve encore musées et rues au nom de ses ancêtres soldats et personnalités locales.

Une ancienne famille où, d'après les registres généalogiques, les prénoms Garre(t)t et Casper(us) se transmettent depuis 3 siècles.

Son parcours universitaire semble être la caricature de ce qu’on attend d’un aussi pur produit de la bonne société WASP : sport, école militaire et fraternité élitiste (Sigma Alpha Epsilon qui dans les années 2010 sera lourdement pointée du doigt pour des bizutages ayant entraîné mort d’homme).

Mais, s’il n’est pas mauvais élève et qu'il évoquera toujours en interview la rigueur et le professionnalisme que cela lui a inculqué, la carrière militaire sied mal au jeune homme qui découvre le théâtre et écrit de la poésie. Et même s’il est diplômé de la prestigieuse académie militaire Farragut et obtient, après une formation en mer, un grade d’officier, il préfère se réorienter, d'abord brièvement vers la médecine, puis surtout vers les arts.

Dans un premier temps, comme beaucoup de jeunes premiers, il passe par la case mannequinat, histoire de financer ses études sur les planches en Floride. D'autant que son physique parfait l'avait déjà fait surnommer par ses camarades de l'académie militaire "Poupée Ken" Van Dien, ce qui n'avait pas été sans déclencher quelques bagarres, avant qu'il assume complètement cet atout. Puis c’est le départ fin 1989 vers Los Angeles, la terre promise des aspirants comédiens.

Son physique le fait immédiatement remarquer par la télévision, toujours à l’affût de beaux gosses pour des soaps ou des séries… Ou des pubs comme ce spot pour Doritos où il hurle cheese au côté de Brian Krause (La Nuit déchirée, Charmed) autre futur habitué des productions pour vidéo-clubs, ou encore cette pub pour Nintendo où il apparaît en chevalier nanti d'un casque à corne chevauchant un dragon hors champ.

Dans la première moitié des années 1990, il ne chôme pas et après quelques figurations dont un rôle d’étudiant dans Sauvé par le gong, il obtient en 1991 son premier personnage récurrent dans le soap Dangerous Women, qui ne rencontre cependant pas le succès escompté hors de l’Italie – qui semble le seul pays où Internet se souvient de Donne Pericolose – et qui s’arrête au bout de 52 épisodes seulement. Autant dire une bulle de savon dans l’univers de ce genre de production. Il rebondit immédiatement avec Freshman Dorm, série mettant en scène la vie d’étudiants californiens où il joue un surfeur. Mais là encore la série est arrêtée au bout de 5 épisodes seulement.

Même si ces deux shows ne durent pas, ils lui permettent de devenir un visage un peu connu et décrocher désormais de vrais rôles, le temps d’un épisode, dans toutes les séries du moment : Les dessous de Palm Beach, Marié deux enfants, Beverly Hills, Dr Quinn femme médecin.

Où une brève apparition dans les cinématiques du jeu Wing Commander IV en 1996, ce qui lui permet, comme il le dit en interview, de surtout obtenir un autographe de Mark Hamill qui interprète le rôle principal.

Côté coeur, il épouse Carrie Mitchum, la fille de Chris Mitchum, elle aussi actrice sur des soap operas avec qui il aura deux enfants, Casper III alias Cappie, et Grace.

Parallèlement, il apparaît dans quelques productions télé qui arriveront parfois chez nous en vidéo. Dar l’Invincible III, où il joue le Prince Tal, nanti d’une perruque de bellâtre inqualifiable, en est peut-être le meilleur exemple. Il devient un visage récurrent du polar sexy tel Night Eyes 4: Fatal Passions (titré chez nous Surveillance rapprochée) ou Backroads to Vegas, qui fleurissent dans le sillage de Liaison fatale / Fatal Attraction et Basic Instinct et qui occupent les deuxièmes parties de soirée façon Hollywood Nights sur TF1. On le voit aussi dans le film de SF à petit budget Lethal Orbit où il partage la vedette avec sa femme ainsi que Christopher Mitchum et Jan-Michael Vincent.

Sa plus belle réussite est son interprétation de James Dean en 1997, dans James Dean: Live Fast, Die Young, biopic salué par la critique où il tourne aux côtés de Diane Lane, Robert Mitchum et surtout de son épouse Carrie Mitchum, même s‘ils vont cependant divorcer la même année.

Mais le vrai coup de chance pour sa carrière arrive lorsqu’il est repéré par l’équipe de Paul Verhoeven pour son Starship Troopers. Voyant le film comme une satire de la propagande militariste et de la séduction esthétique des régimes totalitaires, le Hollandais violent veut des acteurs encore peu connus mais au physique parfait, croisement entre des héros de comic books et des surhommes athlétiques à la Leni Riefenstahl. Pour cela, il va piocher l’ensemble de son casting dans les rangs des soaps et des séries.

La mâchoire carrée et le regard azur de Casper sont parfaits pour le rôle principal, et il remporte l’audition devant Mark Wahlberg ou Matt Damon. Il subit un entraînement intensif pour s’affûter et gagner deux kilos de muscles, puis part fin 1996 s’entraîner dans un camp militaire avec l’équipe.

Si le film qui trouble la critique est un succès mitigé à sa sortie, il gagne assez rapidement une véritable aura de classique. Van Dien est acclamé pour son rôle, il est désormais Johnny Rico, un personnage qui ne le quittera plus et qui restera toujours son grand fait d’arme.

Le succès de Starship Troopers lui ouvre dès lors les portes de productions un peu plus haut de gamme mais, manque de chance, celles-ci ne sont pas les succès espérés : que ce soit la comédie vampirique Modern Vampires qui avait tout pour devenir culte, mais qui après une tournée des festivals fantastiques sort directement en vidéo, ou surtout Tarzan et la cité perdue qui lui a droit à la salle mais est un four et ne rapporte que 2 millions pour un budget assez confortable pour l’époque de 20.

Alors, probablement parce qu’il a un divorce à payer et parce qu’on lui propose pas mal de projets faciles, il aligne 5 films en 1998, 6 en 1999. Son seul rôle un peu consistant dans une production de standing étant Sleepy Hollow de Tim Burton où il incarne le rival amoureux de Johnny Depp. Un second rôle qu’il acceptera avec plaisir tant il a envie de travailler avec Burton dont il admire l’univers. D’autant que ses propres ancêtres étaient eux aussi des vieux immigrants hollandais installés non loin de New York comme les villageois du film.

Évidemment avec son prénom, les blagues sur le petit fantôme sont régulières, ce qu’il prend avec fierté puisqu’il jouera de petits rôles à la limite de la figuration, pour la blague, dans les deux suites sorties en vidéo du film Casper en prises de vues réelles tournées à cette époque, et qu’il se fera tatouer le gentil spectre sur son biceps gauche (son seul vrai tatouage, celui de Starship Troopers étant fictif).

Au tournant du nouveau millénaire, il reste très actif, mais aucun projet ne rencontre vraiment de succès significatif. De plus, il manque de chance dès qu’il s’agit de séries télé, son gros projet en 2000 étant Titans d’Aaron Sterling avec Yasmine Bleeth, vendu comme le nouveau soap qui doit tout déchirer et remplacer Melrose Place. Pas de bol, la série ne trouve pas son public et s’arrête au bout d’une demi saison de 14 épisodes.

De même, les quelques films un peu plus qualitatifs en terme de moyens comme le drame sur la guerre du Vietnam Going Back, de Sydney J. Furie, tourné sur place et aux Philippines pour 13 millions de $ et pour lequel il touche un cachet de 800 000 $, subit une post-production compliquée et sort avec plus d’un an de retard, en catimini et directement en vidéo. Dans la foulée, il tourne au Canada Nuit Infernale, toujours avec Furie aux commandes, pour un budget d’une quinzaine de millions de dollars. Un film qui s’avère surtout être une copie pleine de cascades du Duel de Spielberg où, en chauffeur de limousine, il est traqué par un camionneur fou. Encore un film qui n’arrive pas en salle.

Quand à Haute Voltige sur Miami, production de prestige pour la chaîne américaine U.S.A. Network où il a un second rôle d’instructeur parachutiste aux côtés de Tom Berenger, Ron Silver ou Dennis Rodman et qui se veut un genre de Point Break devant faire de Stephen Baldwin le nouveau Patrick Swayze (spoiler : ça ne marchera pas), il sort dans l’indifférence générale malgré la promo et de belles scènes aériennes.

La tête de l'acteur, scandaleusement copiée-collée sur cette jaquette DVD.

Mais au moins ces films, même s’ils sont souvent prévus pour la télé, restent encore produits pour de grosses chaînes, sortent parfois au ciné à l’étranger, et surtout peuvent se targuer de budgets honnêtes et d’équipes techniques compétentes. A mesure que les années 2000 s’écoulent, c’est de moins en moins le cas. Dès lors, toujours avide de bosser et courtisé par les petits producteurs de la place de Los Angeles, il enquille les directs to vidéo sans toujours être regardant sur le produit.

Bien que sportif et bien bâti, son registre n’est dans un premier temps pas l’action pure mais principalement le thriller policier ou psychologique. C’est d’ailleurs sur le tournage d’un petit polar, Les Hommes de Mains alias The Collectors qu’il se rapproche de l’actrice Catherine Oxenberg, qu’il va épouser par la suite et avec qui il aura deux autres enfants, Maya et Celeste, s’occupant aussi au passage d’India la fille que Catherine a eu d’un précédent mariage.

Si le polar classique marche toujours fort au tournant des années 2000, des genres plus niches commencent à pointer le bout de leur nez dans sa filmo selon les modes du moment : d’abord le film d’enquête paranormale marchant dans les pas d’X-Files comme Chasseurs de Frissons / The Time Shifters / Thrill Seekers (1999) où il joue un journaliste courant après des voyageurs temporels faisant du tourisme sur des lieux de catastrophe, ou Dossier dangereux alias The Vector File (2002), au départ simple thriller d’action autour d’une arme biochimique mais dont les visuels louchent très très forts sur la série.

Mais aussi le thriller religieux complotiste surfant sur Da Vinci Code : c’est le cas d’Oméga Code ou La Prophétie des ténèbres avec Michael Ironside, Michael York et Catherine Oxenberg, où des révélations issues de la Torah sont décryptées par ordinateur par une organisation secrète qui cherche à invoquer l’Antéchrist. En fait, un film au message biblico-pouet-pouet prélude à une saga à destination du public évangélique plutôt soporifique, mais qui possède une suite sans Casper complètement délirante à base d'apocalypse et de démon en C.G.I. d'une craignossitude hors-norme. 

En 2000, il tourne pour le redoutable Uwe Boll encore débutant Sanctimony, dans lequel il incarne un brillant trader qui se découvre une vocation de serial killer. Le fait que le film sorte la même année qu’American Psycho est certainement un pur hasard... D'ailleurs, comme il l'a révélé en interview, il a aussi incarné le personnage de Patrick Bateman dans Les lois de l'attraction de Roger Avary, adaptation d'un roman de Brett Easton Ellis, mais ses deux scènes (dont une où il parade littéralement en slip léopard en jouant avec une tête tranchée) sont finalement coupées au montage pour éviter un classement 17+ au film.

Sans vouloir être exhaustif, dans les 5 ans qui suivent Starship Troopers et même si les budgets ont un peu baissé, la plupart de ces productions restent encore de sympathiques séries B pas trop mal troussées, comme la comédie policière Chasing Destiny ou le film de sous-marin Danger en haute mer.

Mais c’est aussi l’époque où le genre fantastique, qui avait beaucoup marqué le pas en vidéo dans les années 1990, connaît un retour de flamme lié au développement des images de synthèse premier prix et à l’apparition de la chaîne Sci Fi, future SyFy, très demandeuse en films de genre pas chers. Suite au succès de Jurassic Park, puis de séries B qui marchent fort au cinéma comme Anaconda, Un cri dans l’océan ou Peur bleue, on veut de nouveau à l’orée des années 2000 de la bébête agressive ou du monstre affamé. Une brèche s’ouvre qui va être exploitée par une nouvelle génération de sociétés comme U.F.O. Picture, Nu Image ou Lionsgate qui tournent à la chaîne en Afrique du Sud ou en Bulgarie pour la télé et les vidéo-clubs.

Il embarque donc prudemment sur la vague du fantastique low cost. D’abord pour des films encore tournés à l’ancienne comme le premier Shark Attack en 1999, shooté en République Sud-africaine avec Ernie Hudson, qui s’avère plus proche du polar que du film d’attaque animale et où les requins issus de documentaires animaliers servent essentiellement d’armes du crime pour des malfaisants. Un film qui va devenir un classique des bacs de DVD à 1€ chez nous.

Puis c’est Python l’année suivante où, dans un second rôle de militaire où il apparaît moustachu et peu motivé, il se coltine aux côtés de Robert Englund et Jenny McCarthy un animatronique de serpent géant filmé flou pour camoufler ses limites et vaguement rehaussé d’effets numériques. 

On peut pardonner beaucoup à Casper dans ses choix de rôles, mais rien ne justifiera jamais cette moustache !

Deux polars en 2002, un mélo familial autour de l’élevage de chevaux en 2003... Après cinq années hyper productives, Casper ralentit un peu pour profiter de sa famille qui s’agrandit. D’autant que comme Catherine Oxenberg est aussi par sa mère une véritable tête couronnée prétendante au trône de Yougoslavie, il participe au reality show sur 13 épisodes I married a princess qui met en scène toute sa petite famille entre Hollywood, mondanités et tracas du quotidiens. 

Puis il revient en force en 2004 et s’embarque dans une série de productions fantastiques miteuses qui mériteraient toutes une petite place quelque part sur le site, et sont clairement prévues pour alimenter les soirées de la chaîne SciFi, qui règne désormais en maître sur ce marché. Citons :

Skeleton Man au côté de Michael Rooker, qui fait partie d’une collection de films commandés par SyFy dont Sharkman, Mosquitoman et Snakeman, s’avère un sous-Predator forestier particulièrement grotesque avec une créature au look improbable.

Dracula 3000 où Casper est le commandant Van Helsing qui pilote un vaisseau spatial abordant un astronef rempli de vampires gothiques. Le tout filmé intégralement dans une usine sud-africaine en ruine.

La vengeance de la momie qui tente de recréer la magie des films avec Brendan Fraser, mais avec cent fois moins de budget et des décors outrageusement numériques collés dans le désert californien. Ou La Malédiction du pharaon, téléfilm en deux parties où il enfile carrément le chapeau d'Indiana Jones ! On vous a mis le visuel dans la filmo pour que vous ayez une idée...

Slayer où, en commando d’élite aux côtés de Danny Trejo et de Lynda "Wonder Woman" Carter, il affronte des vampires karatékas.

Et ce ne sont là que quelques-uns des projets les plus représentatifs de cette vague de films qu’il tourne à la chaîne jusqu’au début des années 2010. Les budgets ne dépassent pas les 1 à 2 millions de dollars et n’ont plus jamais l’honneur d'une sortie ciné. Parmi une kyrielle de polars ou de films d’action interchangeables, citons Prise d’otages en haute mer – un simili Piège en Haute mer dans un paquebot reconstitué sur un ferry néozélandais décommissionné où on en viendrait presque à regretter Steven Seagal – ou Born to Ride, film de bikers bad to the bones... mais pour les mauvaises raisons.


Une tagline qui n'essaie absolument pas de raccrocher les wagons avec Sons Of Anarchy

Avec tout ça manquerait plus que des ninjas tiens… Ah ben voici Ninja en guerre / Mask of The Ninja en 2008.

Même si ces films ne sont pas bien brillants, il lui reste toujours la franchise Starship Troopers dans laquelle il s’investit régulièrement. En fait, Casper a bien compris l’importance dans la pop culture de son personnage de Johnny Rico et fait des voix pour les jeux vidéo et les films d’animation tirés de la licence. De même, il ne rechigne pas à participer à des conventions ou des interviews pour parler du film jusqu’à nos jours

S’il n’avait pas participé à Starship Troopers 2, réalisé par Phil Tippett, le magicien des effets spéciaux du premier opus, c’est surtout parce que la production avait privilégié un nouveau casting moins cher, pour ne pas dépasser un budget misérable de 6 millions, là où l’original avait coûté plus de 100 millions hors promo. Cette suite, qui lorgne beaucoup sur The Thing, est un peu décriée à l’époque même si, à titre personnel, je ne trouve pas le film si honteux que cela, notamment grâce au talent d’effets spéciaux de Tipett. Cela reste quand même un DTV très très fauché. Toutefois le film est rentable, tout comme les jeux vidéo issus de la licence auxquels Van Dien prête sa voix. Donc en 2008 on remet le couvert et Casper revient sur Starship Troopers 3. 

Pour le numéro 3 la production est remontée à 9 millions et c’est cette fois Edward Neumeier, le scénariste des deux premiers opus, qui est aux manettes. Plus outrancier et caustique (on vous met en lien l'hilarante chanson de propagande "It's a good Day to Die" qui donne bien le ton du film), cette séquelle est un peu mieux accueillie que le 2, mais Neumeier n’étant pas un cinéaste, il souffre d’un rendu visuellement assez télévisuel, d'effets spéciaux numériques peu convaincants, et d’un Van Dien bizarrement relégué au second plan. Au final, même s'il se rembourse à long terme sur le marché de la vidéo, son box office assez terne tue provisoirement toute volonté de faire d’autres films en prises de vue réelles dans la franchise.

Car ce n’est pas fini pour autant puisque les jeux vidéo marchant bien et la saga continuant à avoir des fans, deux films d’animation japonais photoréalistes à la Final Fantasy ont vu le jour. En 2012, dans Starship Troopers Invasion, Casper n’est que producteur associé pour que le film puisse utiliser son personnage doublé par un autre acteur. Puis il est de retour dix ans plus tard au casting vocal de Traitors of Mars, tout comme Dina Meyer. Au début des années 2020, l’idée d’une série télé fait un temps son chemin, puis c'est celle d’un reboot, en projet à l’heure où nous écrivons ses lignes en 2025, finalement confié à Neill Blomkamp. Reste à savoir si Casper sera de la partie.

Johnny Rico dans Starship Troopers Invasion en 2012.

Pour revenir à la fin de la décennie 2000, en dehors de Starship Troopers, de plusieurs apparitions dans Monk et d’un nouveau rôle récurrent aux côtés de Catherine Oxenberg dans le soap d’après-midi Watch Over Me, la carrière de Van Dien s’est largement démonétisée et on commence à le voir dans des téléfilms de Noël ou des films familiaux avec des chiens qui parlent trop mignons (Le sauveur de Noël alias Le chien de Noël 2, Le Bébé de Noël, Si Noël m'était conté...).

Casper à l'affiche de Army Dog avec sa fille Grace.

C’est l’époque où une nouvelle société commence à faire parler d’elle dans le domaine de la série B à moindre coût recrutant des noms pas chers mais connus : The Asylum. Et Casper apparaît dans quelques mockbusters maisons comme le film catastrophe Avis de Tempête, ou Avengers Grimm qui mixe conte de fées et film de super héros. Il tourne même pour eux un film en tant que réalisateur, La Belle au bois dormant : la malédiction (sorti en même temps que Maléfique dites donc, curieuse coïncidence !) où il en profite pour faire jouer littéralement toute sa famille dans ce qui ressemble un peu à des vacances en Bulgarie.

En fait, Casper ne chôme jamais vraiment et aligne toujours trois à quatre projets minimum par an. Au milieu des années 2010, il joue, voire réalise des films notamment pour les chaînes axées "ménagères de moins de 50 ans" Hallmark ou Lifetime. Quelques feel good movies familiaux mais aussi des productions plus vénéneuses dans un genre qui commence à devenir populaire : le thriller paranoïaque pour femme mariée en pleine crise de la quarantaine. Globalement des histoires où celle-ci commence à s’apercevoir que son mari ou son nouveau petit ami rencontré après un divorce difficile et qui paraissait si parfait, cache peut-être de lourds secrets à tendance homicide, ou encore que le nouveau copain de sa fille, si bien sous tout rapport, s’avère être un manipulateur pervers sans scrupules.

C’est Un patient troublant qu’il réalise et dans lequel une psy commence à avoir des doutes après des séances d’hypnose sur un homme séduisant mais tourmenté qu'elle traite, ou La vérité sur mon mari où une femme commence à soupçonner son époux interprété par Casper d’être le serial killer qui terrorise la région. Avec l’âge, celui-ci commence en effet de plus en plus à incarner les bad guys, avec un plaisir évident comme dans Le Tueur de Mariées où il joue les criminels dérangés traquant des jeunes filles qui en savent un peu trop, ou The Most Dangerous Game où il est le zaroffien Baron von Wolf dont le nom est déjà tout un programme.

La deuxième moitié de la décennie 2010 est cependant marquée par plusieurs drames familiaux sur lesquels nous ne nous étendrons pas. Il divorce de Catherine Oxenberg en 2015. Même si les conditions de cette rupture restent personnelles et que les deux comédiens continueront à travailler ensemble comme sur certaines productions le téléfilm chrétien Acquited by Faith, il n’est pas impossible que ce soit lié au fait que sa belle fille India Oxenberg ait été embrigadée dans la sinistre secte NXIVM, qui verra sa mère va se battre des années pour l’en sortir et faire condamner son gourou.

Casper semble ne jamais refuser aucun projet et participe avec beaucoup de plaisir à énormément de productions, dans tous les styles et sans forcément toujours chercher la qualité : courts-métrages, webséries, petites productions quasi amateures ou émissions de webtélé comme Cult Classics with Casper Van Dien en 2017 où il s'entretient avec des comédiens de franchises cultes, de William Shatner à Lance Henriksen. Très présent sur internet, il ne rechigne jamais à jouer dans des sketchs pour Funny or Die ou s'autoparodier pour Rooster Teeth.

De même, il n'hésite pas à jouer son propre rôle comme dans Noobz où il est confronté à des fans déjantés en convention, ou dans le film d’horreur Darkness Reigns où une équipe de tournage de série B a la mauvaise idée de vouloir réaliser un film dans un ancien hôtel hanté par un démon. Il enchaîne les films de S.F. tournés pour 2 francs 6 sous, comme le space opéra kitsch et fauché Star Raiders: the Adventures of Saber Raine, ou les plus auteurisants sans avoir pour autant les moyens de leurs ambitions tel Mission 88 ou Saturne V : Planète interdite.

Et ce ne sont là que quelques titres épars dans une filmo parfois invraisemblable. Souvent les budgets n’atteignent pas les 7 chiffres, voire pour certains la barre des 100 000 $, ce qui pour un tournage aux Etats-Unis est vraiment misérable. Mais comme il en tourne beaucoup, parfois pour de simples apparitions de quelques minutes, cela lui permet de continuer à vivre confortablement.

Aux côtés de son pote Danny Trejo, un autre habitué du cachetonage intensif.

Quelques titres plus étranges apparaissent aussi car dans les années 2010, le cinéma russe et d'Asie centrale débarque sur le marché de la V.O.D qui a remplacé les vidéo-clubs. C'est ainsi qu'un Steven Seagal a retrouvé une notoriété inespérée dans les pays de l'Est et que des Gérard Depardieu, Antonio Banderas, Armand Assante ou Peter O'Toole viennent toucher des chèques pour venir faire des panouilles au Kazakhstan ou en Russie. Mais tous ne partent pas sur place pour trouver des rôles. Une génération de gros bras et de wannabe cinéastes débarque à Los Angeles, tous biberonnés aux films d'action qui ont bercé leur jeunesse post-communiste et rêvent de tourner avec les stars qui ont fait briller des étoiles dans leurs yeux 15 ou 20 ans plus tôt. Certains sont soutenus par des oligarques aux poches pleines, qui financent des productions clinquantes destinées au marché local mais avec des rêves de distribution internationale voire de carrière hollywoodienne. 

Casper part faire un tour en Russie en 2015... ah non, à Guthrie Oklahoma, où on a reconstitué Moscou pour le plus que curieux Higher Mission alias Ratpocalypse de Vladimir Uglychin, où il interprète un sénateur américain en voyage moscovite qui s'aperçoit que tous les politiciens corrompus se transforment en rats géants. Un film politique à destination du marché russe, mais dont le message un peu critique envers le pouvoir peut permettre de comprendre pourquoi il n'a pas été tourné sur place. La première bande-annonce donne une idée de la folie visuelle de l'ensemble.

Puis ce sont deux films qui réunissent la fine fleur un peu fanée des rois de la tatane made in 90's : Beyond the Game du kazakh Erken Ialgashev, qui ressuscite les riches heures du film de kickboxing en cage, et le très mauvais et mollasson Opération Manille, sous Expendables shooté par un Mark Dacascos qui, malgré toute l'affection qu'on lui porte, ne devrait clairement pas s'aventurer sur le terrain de la réalisation. Un film à capitaux russes qui doit mettre en vedette le bodybuilder et "comédien" Alexandre Nevsky (oui, à l'image de son CV un peu gonflé où il se prétend 3 fois Mister Universe, c'est un pseudo vous vous doutez bien : il s'appelle en vrai Alexandre Kuritsine) qui, vague lookalike de Steven Seagal, ambitionne une carrière hollywoodienne. Toujours pour Nevsky, il participe aussi aux côtés des multirécidivistes du cachetonage Michael Madsen, Eric Roberts et Stephen Baldwin à Red Prophecies dont le tournage semble avoir pris plusieurs années au grè des agendas de ses caméos et qui sort finalement en Russie en 2021. Des vanity projects que Casper traverse sans forcer son talent et où tout le monde vient tranquillement toucher son chèque. 

Autre genre que Van Dien aborde à l'orée des années 2020 : le film chrétien évangélique ou, a minima, à destination du public conservateur rural des Red States du centre des Etats-Unis. C'est ainsi qu'il tourne en 2020 Roped, variation autour de Footloose produite pour la chaîne Hallmark (qui ne néglige décidément aucun marché) mais où cette fois ce n'est pas la danse mais le rodéo qui est interdit dans une petite ville rurale tenue par des activistes vegans antispécistes très caricaturaux, et où une histoire d'amour entre la fille du maire et un beau garçon vacher lance la révolte des mangeurs de hamburgers. Un film d'autant plus opportuniste que Van Dien est lui même vegan et, s'il ne s'étend jamais sur ses convictions politiques, pencherait au vu de ses engagements pour l'avortement et la cause des femmes plutôt de l'autre côté de l'échiquier politique.

De la même façon, on le voit la même année dans deux productions à destination du public évangélique. Si Acquited by Faith est surtout un mélo sirupeux sur le pouvoir de la prière et de la rédemption, One Nation under God, produit et interprété par l'ineffable Kevin "Peanuts" Sorbo, s'incrit lui dans l'agenda politique conservateur trumpisto-chrétien et se veut un brulôt politique sur l'odieuse persécution que subissent les pauvres fondamentalistes qui n'ont pas le droit de réimposer de force Dieu à l'école. Mais contrairement à beaucoup d'autres comédiens aux carrières chancelantes, qui vont s'engouffrer dans le créneau de ce genre de films de plus en plus revanchards tant par opportunisme que par conviction, Casper s'en éloigne assez vite et n'hésite pas la même année à jouer les prêcheurs escrocs exploitant la misère de personnes atteintes de maladies en stade terminal dans le court-métrage The Road to Camp Miracle. Le budget de ce dernier étant estimé à 20 000 $, on se doute bien qu'il ne l'a pas fait pour l'argent, si tant est qu'il ait même été payé pour y participer.

Il faut dire aussi que d'un point de vue personnel, Casper s'épanouit. Il se remarie à la comédienne Jennifer Wenger, qu'il avait rencontré sur le plateau de Sharktopus vs Whalewolf et qu'il emmène régulièrement sur ses propres tournages. Comme il l'avait d'ailleurs fait pour ses enfants. C'est ainsi que, après avoir débuté dans les films de son père, sa fille Grace poursuit sa propre carrière dans des chefs-d'oeuvre impérissables comme Deux soeurs pour une vengeance ou San Andreas Quake: Magnitude 10 (oui, c'est une prod' The Asylum), décrochant la timbale en obtenant un rôle récurrent dans la série Stranger Things.

Grace, Casper et Jennifer Wenger en convention

Les années 2020, malgré le COVID, ne le voient pas ralentir le rythme. Après un rôle dans Alita: Battle Angel de Robert Rodriguez, il enchaîne, souvent en famille, les petits films de série B où il croise régulièrement ses amis et mentors : Tom Berenger, Patrick Muldoon, Jeff Fahey, Armand Assante ou Danny Trejo.

Dessin préparatoire pour son rôle dans Alita

Dans le contexte politique étasunien actuel, après avoir traîné ses guêtres dans le film conservateur voire évangélique, ce père de trois filles se tourne vers le film plus progressiste et plus proche de ses véritables convictions un peu "wokiste" sur les bords, avec notamment plusieurs oeuvres d'antipatriarcatsploitation où il joue les figures masculines autoritaires remis en cause par des femmes, comme dans Real Talk où il incarne les républicains conservateurs face à une animatrice radio afro-américaine militante, The Hunt Club où il joue avec Mickey Rourke les chasseurs masculinistes meurtriers, et surtout Daughter qu'il considère comme un de ses meilleurs rôles récents, où il est un père illuminé et meurtrier enlevant des jeunes filles pour se constituer une famille idéalisée dans une ambiance quasi sectaire.

Evidemment cela ne l'empêche pas de tourner avec plaisir dans des bisseries plus classiques : westerns, polars ou films de SF comme son rôle de Président Suisse / magnat du fromage qui règne en dictateur d'opérette sur une Confédération Helvétique fascisante dans le délire Mad Heidi où il en fait des caisses en s'en donnant à coeur joie.

Au moment où nous écrivons ces lignes à l'été 2025, Casper est déjà apparu dans un western et un film d'action, et nous tease encore pour la fin d'année un film d'insectes tueurs et au moins trois séries en vedette : un polar noir sur une unité anti-drogue, une de SF où Manhattan est mystérieusement expédiée dans l'espace, et enfin une dernière où il incarne un stripteaser !

A dire vrai, on se demande vraiment comment il arrive à maintenir ce rythme délirant, d'autant que quand il n'est pas sur un plateau, il est actif en convention, sur les réseaux sociaux, voire sur Twitch où il streame ses parties de jeux vidéo depuis sa villa de Floride où il se ressource avec sa famille entre deux tournages aux quatre coins du monde.

Alors non, définitivement, Casper Van Dien est loin d'être un has been, bien au contraire : c'est un des acteurs les plus attachants, prolifiques et demandés du monde de la série B, qui s'éclate à tourner un peu partout et semble bien parti pour continuer à traverser avec gourmandise tous les genres et nous surprendre pendant des décennies !

Faisant le coup de feu dans le film The Flood, où des alligators profitent d'un ouragan pour envahir une prison en Louisiane... reconstituée en Thaïlande...

Sources :

Wikipedia et IMDB bien sûr

Casper Van Dien est très présent sur les réseaux sociaux, notamment sur Instagram où il met régulièrement des photos de ses tournages comme de sa vie familiale.

Facilement accessible pour ses fans, il a donné de très nombreuses interviews comme ici pour le site The Salon ou sur Youtube, où il se livre largement sur sa carrière et ne renie jamais rien, y compris ses pires panouilles de début de carrière.