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Black Ninja

(1ère publication de cette chronique : 2004)
Black Ninja

Titre original :Ninja: Silent Assassin

Titre(s) alternatif(s) :Ninja Operation: Knight and Warrior

Réalisateur(s) :Godfrey Ho

Année : 1987

Nationalité : Hong Kong

Durée : 1h25

Genre : Black Carambar

Acteurs principaux :Richard Harrison, Alphonse Beni, Pierre Tremblay, Stuart Smith, Grant Temple, Paulo Tocha alias Bruce Stallion, Timothy Nugent

Barracuda
NOTE
3.5/ 5


La jaquette de la VHS éditée en France par Delta Vidéo.


Enfin un film de ninja qui se passe en France... Ah bon, des baguettes de pain bourrées de coke et des bouteilles d'Evian ça suffit pas pour faire croire qu'on est en France ? Oui bon, c'est vrai, c'est hallucinant ce que les artifices déployés par Godfrey pour faire croire que Black Ninja a été tourné dans l'Hexagone manquent de subtilité. A la rigueur il aurait carrément pu mettre "made in France" en bas de l'écran.


Un film où l’on donne beaucoup de pains


« Un bon film, c’est d’abord un bon méchant » disait Alfred Hitchcock. Dans Black Ninja, les méchants ce sont Stuart Smith, Grant Temple et Pierre Tremblay, ce qui donne déjà une bonne idée des abysses de nullité que l'on se propose de sonder ici.


"- Grant : Dis donc Stuart, tout le monde dit que tu fais la tronche pendant tout le film !
- Stuart : Même pas vrai d'abord !"


Black Ninja réunit en effet un casting de rêve puisqu'au générique on ne trouve pas moins que Alphonse Beni, Richard Harrison, le grand Stuart Smith, Pierre Tremblay, Grant Temple et même Paulo Tocha alias Bruce Stallion, sosie improbable de Stallone qui fait ici de la figuration à peine intelligente. Evidemment, pour la réalisation, qui d'autre que Godfrey Ho aurait-on pu choisir ? Caramba ! se dit le nanardeur hispanique. Yé crois bien qué yé souis tombé sour oune gros nanar. Et effectivement comme nous allons le voir, Black Ninja est gros, Black Ninja est un nanar.


Alphonse Béni, rebaptisé "Chris Kelly" pour le marché anglophone.


Le scénario est d'une non-originalité confinant à l'exercice de style, surtout pour qui a déjà vu un ninja de Godfrey Ho. L'histoire est celle de deux policiers d'Interpol (n’oubliez pas de prononcer Interpôle) Alphonse Beni et Richard Harrison (alias Alvin et Gordon), ninjas à leurs moments perdus lancés à la poursuite de deux trafiquants de drogue qui ont par ailleurs tué la femme d'Alphonse (à ce sujet ne pas manquer la scène de l'agonie où, au cours des dix bonnes minutes que met sa femme à mourir dans ses bras, Alphonse Béni ne songe pas un instant à appeler le SAMU).


Alphonse Beni est le Black Ninja. La preuve, il est Noir et il y a marqué « Ninja » sur son bandana.

 


Même en calbut, un ninja reste un ninja.


La seule chose que l'on regrettera finalement c'est que si les deux méchants Grant Temple et Stuart Smith ("Randolph") sont bien des ninjas, ils ne font partie d'aucune secte cherchant à conquérir le monde.


- Grant : Pour en revenir à ce que je disais tout à l'heure, c'est vrai que tu fais tout le temps la gueule !
- Stuart : Pfff, n'importe quoi l'autre !"

 


Paulo Tocha alias Bruce Stallion, dans un rôle inspiré.

 


Timothy Nugent, très inspiré lui aussi.


Bien sûr, on est chez Godfrey Ho et que serait un film de Godfrey Ho sans des morceaux d'un autre film asiatique absolument sans rapport collés n’importe comment ? Ici l'autre film est supposé nous conter l'histoire de "Edmond", un jeune bagarreur chinois dont le père a été tué par un gangster nommé Tiger. L'artifice est que Tiger est censé être un sbire de Grant Temple et Edmond travailler main dans la main avec Alvin et Gordon. Cette partie du film est d'un niveau martial plus que correct avec des scènes d'actions très engagées, même si les bastons sont systématiquement filmées en accéléré très accéléré. On rigolera quand même du doublage pas très réussi, notamment pour le meilleur ami d'Edmond et sa salopette ridicule. On sourit aussi en voyant Edmond ne cesser de clamer haut et fort qu'il n'a "pas peur" et n'en passer pas moins la moitié de son temps à prendre la fuite.


La fameuse salopette.


Entre une action relativement intense côté film chinois (mais aux enjeux jamais très clairs : à cause du remontage sauvage du film, on a beaucoup de mal à s'investir dans les aventures d'Edmond) et des scènes occidentales systématiquement géniales, le nanardeur est aussi gâté par des doublages véritablement hors du commun. J’en veux pour preuve les deux morceaux d’anthologie disponibles sur le site.


Grant (en lui même) : "Mais pourquoi diable Stuart Smith ne peut jamais s’empêcher de faire la gueule ?"


Black Ninja, ce sont aussi des ninjas qui ont une façon bien particulière de se battre, c'est à dire en accéléré bien sûr et surtout en moulinant frénétiquement des bras avant de lancer leurs attaques spéciales. C'est bien simple, on dirait une bande de gamins sous ecstasy chantant "pousse l'ananas et moud l'café" sur un rythme de techno effréné.


Pour Yamakasi, Luc Besson a tout piqué sur Black Ninja.


Enfin, dans Black Ninja, il y a des pastèques. Un lien étrange unit indiscutablement Richard Harrison à ce fruit dans une relation de soumission-punition puisque ici aussi, après le charcutage au sabre de Ninja Terminator, plusieurs pastèques ont été maltraitées au cours de ce film. Qu'on se le dise, si un jour les "cannibal pasteks from outer space" se décident à envahir la Terre elles n'ont qu'à bien se tenir parce qu'on connait un ninja d'Interpôle qui les attend déjà de pied ferme !


Richard Harrison, trucideur de pastèques innocentes...


Quel plaisir au final de retrouver Richard et Alphonse dans un film qui est quasiment un mètre-étalon du ninja 2-en-1, jusqu'à la musique qui, tradition oblige, reprend sans aucune honte un thème ultra-connu, ici le générique de « 2 flics à Miami » !

 


- Et là sur ce polaroïd, tu vas pas me dire que tu fais pas la gueule !
- Ouais ben t'as vu dans quoi on joue aussi...

 


 


[Note de John Nada] Obsédé par les 2-en-1 de Filmark et IFD, notre collègue espagnol Jesús Manuel Pérez Molina s'amuse à retrouver les films originaux qui ont servi de base à ces productions. Dans "Black Ninja", les scènes sans les gweilos proviendraient de "A Girl Rogue", un film taïwanais de 1984 réalisé par Chiu Chan Kwok. Une découverte rendue possible par le concours de Teddy Wong et Michael Kistner, du site HKMDB, et qu'il explique sur son blog en langue anglaise.



- Barracuda -
Moyenne : 4.23 / 5
Barracuda
NOTE
3.5/ 5
Kobal
NOTE
4.5/ 5
Nikita
NOTE
3.5/ 5
John Nada
NOTE
4/ 5
Rico
NOTE
4.5/ 5
LeRôdeur
NOTE
5/ 5
Labroche
NOTE
4.5/ 5
TantePony
NOTE
4.25/ 5
Peter Wonkley
NOTE
5/ 5
MrKlaus
NOTE
4/ 5
Wallflowers
NOTE
3.75/ 5
Drexl
NOTE
4.5/ 5
Jack Tillman
NOTE
4/ 5

Cote de rareté - 1/ Courant

Barème de notation

Nanarland et l'éditeur Pulse Vidéo sont heureux, et fiers jusqu'à l'absurdité, d'avoir sorti en double-programme Cameroun Connection et Black Ninja en blu-ray ! Une façon de rendre hommage à Alphonse Beni, hélas disparu le 12 mars 2023, à l'âge de 77 ans.



Depuis octobre 2023, vous pouvez en effet acquérir ces deux pépites sur pulsestore.net dans des versions somptueuses, numérisées en 4K depuis les négatifs originaux, avec versions française et espagnole pour Cameroun Connection, avec sous-titres anglais optionnels (il n'existe pas de doublage anglais) et version française et version anglaise avec sous-titres français pour Black Ninja.

Le tout proposé dans un joli étui cartonné exclusif (slipcover) avec jaquette réversible.

Et comme on se fout pas de votre gueule, ces deux films sont en outre accompagnés d'un paquet de suppléments :

     - “Alphonse, Béni sois-tu” : entretien sur la carrière de Beni avec le producteur Jean Roke Patoudem et Rico de Nanarland (2023) (46 minutes)

     - Rencontre avec Alphonse Béni à Yaoundé pour la projection de Cameroun Connection (2022) (53 minutes)

     - Reconstruction en haute définition de la bande-annonce de Black Ninja (an anglais avec sous-titres français et anglais)

     - Un enfant noir (1973) court-métrage d’Alphonse Béni, pour la première fois en vidéo (20 minutes)

- Bandes-annonces d’Alphonse Béni (African Fever, Chasse à l'homme alias Three Men on Fire, Coup Dur et Saint Voyou) numérisées depuis les négatifs en haute définition spécialement pour cette édition.

Le producteur Jean Roke Patoudem, ancien collaborateur et ami d'Alphonse Beni, qui nous livre plein d'anecdotes dans le bonus “Alphonse, Béni sois-tu”.

On retrouve Black Ninja aux Etats-Unis dans un pack blaxploitation "Bad Azz Muthaz 4" des plus curieux aux côtés de "G.I. Bro", qui n'est autre que le fameux "Une poignée de salopards / Inglorious Bastards" d'Enzo G. Castellari avec Fred Williamson et Bo Svenson, et "Soul Brothers of Kung Fu" avec l’ineffable Bruce Li. Belle bête… Il existe aussi une version chez "Kung Fu Flix 4U" qui curieusement crédite Alphonse Beni du nom de Chris Kelly. Le petit frère de Jim Kelly ?


En France, côté VHS, une seule version semble exister chez "Delta Vidéo". Attention de ne pas la confondre avec "The Black Ninja", film d’action récent qui n’a visiblement rien à voir…