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SWAT : Warhead One

(1ère publication de cette chronique : 2004)
SWAT : Warhead One

Titre original : SWAT : Warhead One

Titre(s) alternatif(s) :Aucun

Réalisateur(s) :Carribou Seto (alias David Huey)

Année : 2005

Nationalité : Etats-Unis

Durée : 1h40

Genre : SWAT : Nanar One

Acteurs principaux :Mel Novak, Gerald Okamura, Ron Hall, Olivier Gruner, Rebecca Ferratti

Barracuda
NOTE
4/ 5

Un DVD qui arrive même à se tromper sur le nom des acteurs.

Je peux bien l'admettre maintenant, je n'attendais pas grand chose de ce « SWAT : Warhead One ». Et pourtant, il s’agissait d’un film produit par Cine Excel, cette incroyable société de production pourvoyeuse entre autres de l'incroyable « Future War », du très nanar plagiat de « Blade » « Vampire Assassin » et des alléchants « Internetrix » et « Reptilicant ». Longtemps confidentielle, la distribution des films de Cine Excel atteint aujourd'hui la France, où certains titres peuvent se trouver relativement facilement dans les bacs à soldes ou en kiosques.


Olivier Gruner


Mel Novak


Gerald Okamura


Ron Hall


Pour en revenir au sujet du jour, Cine Excel m'avait justement causé ma première déception quelques semaines plus tôt avec « Expert Weapon » alias « Contre-Attaque » en français, pâle copie molle et ennuyeuse de « Nikita ». De l'extérieur, ce « Warhead One » ressemblait à un film d'action trop fauché pour être intéressant et trop convenu pour être franchement nanar. Si j'avais su...

 


Des effets spéciaux de ouf !


Le scénario de SWAT est très simple, en apparence. Après une opération manquée au cours de laquelle une arme nucléaire tactique a été dérobée à l'armée américaine, Luc Rémy (Olivier Gruner), membre des SEALS, quitte l'armée et intègre le SWAT de Los Angeles. Huit ans plus tard, Peter Chang (Gerald Okamura), parrain du Clan du Dragon, projette d'acquérir cette arme nucléaire pour l'aider dans la guerre des gangs qui l'oppose au Clan du Lotus. Pour acheter à la mafia russe cette bombe (dont on ne saisit pas très bien ce qu'il compte en faire), il a l'intention de payer avec de la fausse monnaie. Seulement tout ça va vite devenir très, très compliqué et le pauvre Olivier Gruner va se retrouver complètement largué. Heureusement, Mel Novak, notre nouvel ami nanar, incarne le journaliste Dick Danvers qui va se faire un plaisir de tout lui expliquer, et à nous aussi par la même occasion.

 


Parfaitement au courant de tous les faits et gestes des gangsters, de leurs motivations et de leurs complots les plus secrets, il débarque sans prévenir à toute heure du jour et de la nuit pour aider Luc Rémy en lui dévoilant tout (mais alors tout) des plans des méchants, puis repart aussitôt après. Mel Novak est un des gros atouts nanars du film. Il est tellement bien informé qu'il en devient franchement suspect, au point d'envisager sérieusement qu'il pourrait en fait être le grand responsable de tout ça et qu'il ne resterait derrière la scène que pour tirer les ficelles du pantin Gruner. Mel Novak n'est pas un simple être humain : c'est un voyant, un extralucide, un marabout, un oracle omniscient capable de tout voir, de tout savoir, de tout prévoir et de tout deviner, ta femme revient, tu gagnes au tiercé.


Le pire, c'est qu'il sait tout, qu'il explique tout, et que malgré ça on ne comprend rien. J'ai résumé à gros traits le scénario, mais dès qu'on entre dans les détails, ça devient extrêmement confus. Les monologues de Mel censés tout expliquer sont en fait nanars à deux niveaux : outre qu'on ne voit vraiment pas comment il a appris tous ces détails, ce qu'il raconte est tellement embrouillé que Maurice de « Flic ou Ninja » peut aller se rhabiller. Mel Novak l'enfonce largement dans le domaine des explications incompréhensibles. Ponctuées par des flash-back en noir et blanc, ces révélations fumeuses et contradictoires suggèrent que le scénario a été réécrit plusieurs fois au cours du tournage et que, en particulier, des références à la bombe nucléaire ont été greffées en dépit du bon sens sur une histoire de guerre des gangs et de faux-monnayeurs.

Et pour vous aider à mieux saisir toutes les subtilités de l'histoire, j’ai élaboré ce schéma.



Mel Novak est une constante des productions Cine Excel, puisqu'il joue un rôle plus ou moins important dans tous les films de la firme à une ou deux exceptions près et qu'il est systématiquement crédité comme "guest-star". Ayant derrière lui une solide carrière de second, voire de troisième couteau dans des films de baston (dont certains Chuck Norris et même des Bruce Lee), son lien avec Cine Excel est un mystère complet et est probablement aussi personnel que professionnel [Nanarland : nous avons depuis pu interviewer l'acteur et lui poser directement la question]. Notons par ailleurs qu'il ne joue aucun rôle de bastonneur dans ces films, mais plutôt des personnages de vieux chef, de méchant ou, comme ici, de journaliste. Acteur plutôt correct, il ne contribue d'habitude pas plus que ça à la nanardise générale, aussi ce fut une surprise qu'il nous fasse autant rire ici. Merci, Mel Novak.


Mel et Bob, son caméraman.


"Pfff, c'est encore Mel Novak qui veut m'expliquer toute l'ingéniosité de ce plan..."


Mel arrive en fourbe par derrière pour expliquer le scénario à Olivier Gruner.


Revenons à nos moutons : Gerald Okamura pète les plombs et décide de prendre un hôpital en otage, exigeant on ne sait trop quoi et menaçant de tout faire sauter avec des explosifs disséminés dans le bâtiment. Parallèlement, la Warhead One ressort d'on ne sait où et, pour nous faire comprendre qu'elle est sur le point d'exploser, on peut voir de la fumée en sortir...


Gerald Okamura

 

 
La Warhead One, de dehors, de dedans, avec ou sans fumée.


Outre cet hallucinant scénario (encore que la nanardise tienne beaucoup à la manière dont il est raconté), SWAT ne manque pas d'atouts nanars dans des domaines plus classiques. Gerald Okamura par exemple cabotine comme un malade et on aura le plaisir de retrouver Ron Hall de « Vampire Assassin » en sbire de ce dernier. La baston entre lui et Olivier Gruner vaut son pesant de cacahouètes, notamment en raison de l'aptitude de Ron Hall à se cacher dans des pièces parfaitement vides. Les effets spéciaux, eux, dépassent l'entendement. Il faut le voir pour le croire. Cine Excel en est véritablement resté à l'âge de pierre du numérique. Les images de synthèse utilisées semblent avoir été réalisées avec un moteur 3D vieux de 10 ans, rappelant plus Méliès que « Matrix ». La scène d'ouverture qui nous montre la collision entre deux hélicoptères est spectaculairement nanarde. Comme si ça ne suffisait pas à notre bonheur, le film est émaillé de répliques confondantes de débilité.


Cine Excel invente les mannequins en mousse numériques. Hallucinant !


Le reste est à l'avenant. Flingues déchargés qui trouvent le moyen de tirer quand même, balles aux trajectoires fantaisistes, traductions approximatives, seconds rôles aux accents archi-caricaturaux, décors faméliques... Justement sur ce dernier point : le fameux hôpital où se déroule toute la dernière partie du film se résume essentiellement à une pauvre cage d'escalier. Le réalisateur tente désespérément de cacher la misère en changeant les angles de vue, mais rien n'y fait : c'est douloureusement évident que ces trois fusillades et ces deux bastons ont lieu exactement au même endroit.

 
 

Ce film, c'est avant tout l'histoire d'une poignée d'hommes en guerre contre un ascenseur en panne.


Là c'est une image tirée d'une autre scène, complètement à un autre moment du film, mais comme c'est le même escalier je vous la mets quand même.


Vient le moment de conclure et d’attribuer une note à ce film, et ici se pose un dilemme. Si ça ne tenait qu'à moi, ce serait 5/5 direct, mais force est de constater qu'il y a plusieurs périodes assez molles dans le film. Le fou rire d'un bon gros quart d'heure partagé ce soir-là par votre serviteur et deux autres nanardeurs après l'une des explications foireuses de Mel Novak ne tenait-il pas autant à notre excellent état d'esprit qu'à la nanardise intrinsèque du produit ? La nature éminemment subjective du nanar revient au galop. Ainsi, il est probable que les calamiteux effets spéciaux seront l'aspect que retiendront le plus l'immense majorité des spectateurs, alors même que pour nous, rien ne viendra surpasser l'énigmatique « Voilà pourquoi ! » lâché par Mel Novak à la fin de son speech. En conséquence et exceptionnellement, je ne donnerai pas une simple note mais une fourchette : soit entre 3 et 5, selon les dispositions du spectateur.

Encore plein d'autres effets spéciaux super nazes !

 


La redoutable "Warhead One". Le fait qu'elle soit en images de synthèse, outre d'évidentes raisons budgétaires, sert aussi à dissimuler le fait qu'elle ne faisait probablement pas du tout partie de l'histoire originale.
- Barracuda -
Moyenne : 3.25 / 5
Barracuda
NOTE
4/ 5
Nikita
NOTE
4/ 5
MrKlaus
NOTE
2.5/ 5
Wallflowers
NOTE
3/ 5
Kobal
NOTE
3/ 5
Rico
NOTE
3/ 5

Cote de rareté - 2/ Trouvable

Barème de notation

Les productions de "Cine Excel" commencent à arriver chez nous. Tant mieux car leur catalogue est bien barré (avec notamment un faux « King Kong » en préparation qui a l'air d'un calibre énorme !). "Fravidis" s'occupe de propager la bonne parole en commençant par les actioners bourrins les plus vendeurs. On ne s'étonnera pas de trouver ce film en édition cheapos, parfois en pack avec « Power Elite ».