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Adam and Eve Versus the Cannibals


Adam and Eve Versus the Cannibals

Titre original :Adamo ed Eva, la prima storia d'amore

Titre(s) alternatif(s) :Blue Paradise

Réalisateur(s) :Enzo Doria & Luigi Russo

Année : 1983

Nationalité : Italie / Espagne

Durée : 1h26

Genre : Deux naturistes contre les Pierrafeu

Acteurs principaux :Mark Gregory, Andrea Goldman, et plein de figurants maquillés et emperruqués qui poussent des borborygmes !

Jack Tillman
NOTE
2.25/ 5


La Bible, revue et corrigée à la sauce Panzani.

 

La Genèse


Au commencement était le néant budgétaire et la volonté de surfer sur le succès de "La guerre du feu" de Jean-Jacques Annaud.
Le Dieu du nanar créa les Italiens ; et Dieu dit : Copiez et multipliez dans les bacs à soldes les VHS de nanars préhistoriques. Et les Italiens copièrent, et ils firent des films à l'image de celui d'Annaud, et Dieu vit que cela était bon. Et les Italiens firent "Grunt!"; et Dieu vit que cela était bon, bien lourdingue à souhait. Et les Italiens firent "La guerre du fer", et Dieu vit que cela était vraiment très bon, qu'Il ne s'était pas autant marré depuis "Star Crash le choc des étoiles". Et les Italiens firent "Yor le chasseur du futur" avec leurs copains turcs, et Dieu vit que c'était super bon aussi, qu'Il ne s'était pas autant fendu la poire depuis "Mega Force". Et les Italiens firent "Le maître du monde", et Dieu vit que cela était bien gore (décapitations à coups de pierres, dégustations de cervelles crues,...) mais quand même assez mou du genou. Et les Italiens firent "Adam et Eve contre les cannibales", et Dieu leur avait donné un petit coup de pouce en leur soufflant les noms des deux personnages principaux, mais c'était à peu près tout.


"La guerre du feu" mixé avec "Le lagon bleu" et mâtiné de "Conan le barbare" et de "Cannibal Holocaust", le tout prenant pour prétexte l'Ancien Testament. C'est pas Cecil B. De Mille qui nous l'aurait sortie celle-là !

Un titre alternatif qui semble vouloir faire passer notre film pour un "blue movie" (autrement dit un porno).


Et Dieu dit : Que la lumière soit. Et les projecteurs s'allumèrent sur le plateau de tournage. Et Dieu créa les images d'archives et les stock-shots d'éruption volcanique pour le générique d'introduction. Et Dieu créa les frères Guido et Maurizio de Angelis, et Il leur donna un synthétiseur pour qu'ils composent la musique, et Dieu dit : Ne vous cassez pas la tête les frangins, réutilisez la bande originale que vous aviez composée pour "Alien 2 Sulla Terra" alias "Le monstre attaque" de Ciro Ippolito, la fausse suite du film de Ridley Scott. Et les frères De Angelis obéirent, et Dieu vit que cela était économique.


Un nom qui attirera en masse les foules de fidèles dans les salles, aussi immanquablement qu'un Paul Préboist dans une église.



Le titre, les crédits et l'équipe technique sont en italien...

... mais les vieilles habitudes sont difficiles à perdre (derrière ces pseudonymes se cachent Enzo Doria et Luigi Russo).


Et Dieu créa l'homme en le faisant naître d'une espèce de cocon visqueux. Et Dieu dit : Faisons l'homme à l'image de Mark Gregory, et qu'il cabotine et fasse des moues figées comme lui seul sait les faire (au passage, Marco réalise l'exploit de surjouer vocalement sans changer d'expression faciale), et qu'il gambade nu durant un bon quart du film, ainsi les spectatrices et les nanardeurs seront comblés. Et après avoir bien exhibé son corps musclé dans les fourrés du jardin (botanique) d’Éden, Marco dit à Dieu : Bon, Dieu, c'est bien sympa ici, mais moi j'm'emmerde un peu. Tu peux pas m'faire une fille bien roulée, que je puisse jouer à touche-nichon ? Et Dieu dit : Ouais, bon, moi ça fait six jours que ch'uis au taff, j'te signale ! Fais-la toi-même ta gonzesse ! Et Marco sculpta une femme dans le sable, bien qu'il n'en ait jamais vu, et la femme prit vie avec la pluie tombante. Et Dieu dit : Allez, et baignez-vous dans les cascades, et jouez avec des léopards apprivoisés sur fond de slow sirupeux comme dans "Le Colosse de Hong-Kong". Et Dieu vit que cela était kitsch et à la convenance des nanardeurs.


Au commencement, Dieu créa Mark Gregory à son image.

Notre ancêtre à tous.

Un beau poster de mâle alpha à accrocher au-dessus de votre lit.

Mark Gregory conquiert le monde !

Mark est content.

Eve (la mimi Andrea Goldman, dont c'est apparemment la seule contribution au septième art).


Le jardin d’Éden et son ambiance de garderie dans un décor flower power.


Mais cette salope d'Eve n'était pas satisfaite, car elle avait bien envie de manger la pomme de l'arbre défendu comme le lui susurrait le fourbe serpent. Et malgré les réticences du raisonnable Marco, ils croquèrent tous deux le fruit défendu, et ils découvrirent ce qu'il y avait d'amusant au-dessous de leurs nombrils. Et l’Éternel Dieu déchaîna alors la fureur des stock-shots, et fit rouler un rocher en polystyrène derrière le couple dans une grotesque et hideuse transparence repompant "Les aventuriers de l'arche perdue". Et l’Éternel Dieu les chassa du Paradis terrestre, et Il dit que c'était bien fait pour eux, que c'était Lui le patron, et qu'ils n'avaient plus qu'à errer dans les étendues désertiques, que ça leur servirait de leçon, na !


Cette cruche d'Eve, quelle pomme ! (Et quelle saaalooope, aussi !)

Le pêché de chair commis par nos héros est malencontreusement caché par quelques feuillages pudiquement disposés devant la caméra...

... mais vu la mine éberluée de cette chouette voyeuse, on devine que ça doit être hot !

Dieu, en vrai réac' (voulait-Il en voir plus ?) fait péter la maquette de volcan (en l’occurrence, un stock-shot de "Un million d'années avant Jésus Christ" version 1966).



Pierre qui roule n'amasse pas mousse... et celle-ci n'amassera pas les Oscars non plus (c'est bien pire en mouvement).


Et les deux pêcheurs errèrent dans la montagne, et ils voulurent faire une omelette avec un œuf d'autruche, mais l’œuf appartenait à un stock-shot de ptérodactyle piqué à "Un million d'années avant Jésus Christ". Et le stock-shot se changea en marionnette grandeur-nature en caoutchouc et les attaqua; mais Marco brisa la nuque du saurien, commettant ainsi le premier meurtre de mannequin en mousse de l'Histoire. Et le couple fut encore attaqué par des hommes-singes troglodytes poussant des grognement ridicules (euh attendez, si Adam et Eve sont les tout premiers hommes, alors d'où ils sortent ces guignols des cavernes maquillés à la truelle ?) et les chainons manqués s'amusèrent à tripatouiller longuement le pagne bien rempli de Marco pour constater que oui, Marco aurait très bien pu remplacer Allulu dans "Le marteau-pilon anal" avec son énorme démonte-pneu. Et Marco/Adam et Eve continuèrent leur voyage, mais Eve était une chieuse, et elle n'arrêtait pas de râler, et elle et Marco eurent de longues scènes de ménage surjouées comme dans un mauvais soap télévisuel (les premières engueulades conjugales de l'Humanité !). Finalement, ils se séparèrent et Eve trompa Adam avec un homme de Cro-Magnon (si si ! Relisez la Bible si vous ne me croyez pas !). Et Dieu vit que cela était le genre de potin qui ferait plus tard la une de "Closer" ou de "Paris Match".


Curieusement, Ray Harryhausen n'est pas crédité au générique pour les effets spéciaux.



Mark Gregory contre le ptérodactyle : un combat de titans !



Des hommes des cavernes qui n'hésitent pas à en faire des caisses (avec le son, c'est encore mieux).

Luis Rego dans son meilleur rôle ?!?!

Et l'intérêt pour vous commence à quelle taille ? Le Jumbo jet ?

Les pithécanthropes demandent à Mark de s'accoupler avec une de leurs représentantes (qui n'a ma foi pas l'air vilaine sous sa moumoute). On se demande ce qu'aurait donné une telle union si Mark avait accepté. L'avenir de l'humanité aurait sans doute été bien différent...

"Eh, regardez les mecs ! Elle a pas de perruque !"


Et Dieu envoya des Néandertaliens cannibales à moumoutes rousses pour qu'ils attaquent la tribu de l'homme de Cro-Magnon, amant d'Eve, pour qu'elle retourne dans les bras d'Adam (et non pas la brosse Adam, mwahahaha !... Hem, désolé). Et un intermittent du spectacle revêtit un costume d'ours pelucheux et attaqua Eve, qui lavait sa jambe au bord d'une rivière, car c'est toujours ainsi que les jeunes filles se font agresser par des méchants. Et Adam et Eve vécurent encore d'autres aventures de bande-dessinée ringarde à la découverte de ce monde préhistorique de carton-pâte, que je ne vous conterai pas sous peine de trop spoiler. Sachez juste que Dieu créa la happy end, mais ne créa pas la crédibilité pour l'occasion. Et plus tard, Dieu créa Nanarland et Il dit : Le pire n'est jamais décevant. Amen.


Et dire que pendant que Marco alias Adam alias le premier homme se morfond, cette chaudasse d'Eve fricote avec un jeune éphèbe de Cro-Magnon ! La saaaaloooope...



Mais en même temps, on peut la comprendre, car notre étalon néandertalien est un lookalike de Matt Hanon, dont il possède également la finesse de jeu ! C'est dire si la compétition de charme et de charisme est serrée entre notre cher Marco et cet acteur espagnol, un certain Angel Alcazar.

Crêpage de chignons entre prétendants à la succession de l'espèce humaine.

Bon, c'est pas le tout de grignoter, mais le titre c'est "Adam et Eve contre les cannibales" et pas "Adam et Eve contre les végétariens" ! On veut du sang !
SPECTATEUR IMPATIENT, AU BOUT DE 50 MINUTES DE MÉTRAGE, LES VOILA ENFIN TES ANTHROPOPHAGES :


Les bouffeurs de bidoche humaine, aux maquillages somme toute soignés mais néanmoins plaisants de rigidité.

Sans donner lieu à des orgies de gore, nos rouquins cabotins nous offrent tout de même le quota "cannibalisme nanar" en bouffant et en s'arrachant la chair crue de victimes encore vivantes alors que la bataille fait toujours rage autour d'eux.

Un caméo (non-crédité) de Nounours, qui a eu la gentillesse et la disponibilité de venir faire une apparition clin-d’œil, alors qu'il tournait Hercule avec Lou Ferrigno dans le studio à côté.

Quelques secondes de présence à l'écran, mais un talent toujours aussi remarquable.

La naissance de Cain : mais qui est le père, Adam ou le Cro-Magnon ? Mark Gregory est-il vraiment notre ancêtre à tous ? Le film semble nous poser la question : faut-il croire au Créationnisme ou au Darwinisme ?


L'adaptation du mythe d'Adam et Eve par les Italiens est un projet qui remonte à 1977 et devait au départ être mis en scène par Sergio Martino, avec Edwige Fenech et Lando Buzzanca dans les rôles-titres. Le projet fut abandonné, puis repris par Enzo G. Castellari, pour ce qui devait alors être une production de prestige au casting international tournée au Mexique, mais le projet tourna de nouveau court. Plus tard, c'est Joe D'Amato qui fut chargé de le réaliser, mais son acteur-vedette Miles O'Keeffe refusa finalement d'interpréter le rôle d'Adam, car le film heurtait ses convictions religieuses, comme expliqué dans la chronique d'Ator 2. Le tournage à peine démarré fut stoppé et les scènes filmées par D'Amato furent intégrées tant bien que mal à la suite d'Ator. Finalement, le film échoua entre les mains de Enzo Doria et Luigi Russo, le scénario s'inspirant grandement de celui qu'avait écrit Enzo Castellari. Le résultat est un véritable OVNI filmique, une œuvre aussi étrange qu'improbable, au concept farfelu n'ayant que peu de rapports avec les écrits bibliques (les seuls éléments que les réalisateurs ont conservés sont la misogynie sous-jacente et le gars et la fille à poil). Cependant, il faut reconnaître à "Adam et Eve contre les cannibales" (quel titre !) qu'il ne manque pas de qualités. Certaines scènes demeurent réussies, voire très poétiques, comme la création d'Eve ou son accouchement, les paysages volcaniques et montagneux sont superbes et majestueux, et très bien mis en valeur. Reconnaissons enfin que si la première heure donne avec délectation dans le plus complet n'importe quoi, les vingt dernières minutes sont plutôt irréprochables, et atteignent même un certain lyrisme. Même le jeu de Mark Gregory s'améliore, c'est dire ! Le film aurait donc pu être vraiment bon, s'il ne souffrait (ou profitait, nous concernant) de pétages de plombs typiquement transalpins et d'un cruel manque de moyens.






Un indéniable sens de la belle image.


Adam et Eve contre les cannibales contient toutefois suffisamment de scènes hilarantes ou hallucinantes pour mériter sa place en ces lieux. Après un démarrage assez lent, mais heureusement débordant de kitsch, le film aligne de joyeuses péripéties et de délirants rebondissements. Ce spectacle fascinant fait ainsi figure d'œuvre injustement méconnue qui mérite amplement d'être (re)découverte, aussi bien par les bisseux que par les nanardeurs et, toutes catégories confondues, par tous les fans de l'immense Mark Gregory, dont on n'aura jamais autant admiré la musculeuse anatomie. Voilà donc une curieuse et sympathique série Z, jamais ennuyeuse, à déguster comme un plaisir coupable, et qui devrait ravir l'ensemble de la communauté. J'ignore si le nanar est un pêché, mais gageons que nombre de fidèles du site seraient prêts à être damnés pour la jouissance de retrouver notre Mark Gregory adoré cabotinant et affrontant les cannibales en tenue d'Adam !


Le titre original est "Adam et Eve, la première histoire d'amour", mais vus les dialogues que nous infligent ces deux-là durant l'essentiel du film, ce serait plutôt "Adam et Eve, la première bluette de sitcom".



- Jack Tillman -
Moyenne : 2.85 / 5
Jack Tillman
NOTE
2.25/ 5
Labroche
NOTE
3.5/ 5
John Nada
NOTE
2.5/ 5
Rico
NOTE
2.5/ 5
Barracuda
NOTE
3.5/ 5

Cote de rareté - 4/ Exotique

Barème de notation
Totalement inédit en France, le film est sorti dans un DVD russe, incluant une piste italienne, avec, parait-il, une image de grande qualité. On trouve également sur Amazon.com un DVD zone 1 édité par Desert Island Films et Allied Vau (certaines offres proposent un DVD multi-zones). Sinon, vous pouvez toujours essayer de dénicher la VHS italienne ou espérer tomber sur l'un des nombreux passages de ce chef-d’œuvre pseudo-biblique à la télévision italienne.



Le DVD zone 1 (ou zone 0).

La VHS italienne.