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Desert Warrior

(1ère publication de cette chronique : 2013)
Desert Warrior

Titre original : Desert Warrior

Titre(s) alternatif(s) :Sand Wars, Nuclear War

Réalisateur(s) :Jun Gallardo (alias Jim Goldman)

Année : 1988

Nationalité : Philippines

Durée : 1h25

Genre : Madcap Max

Acteurs principaux :Lou Ferrigno, Mike Monty, Mike Cohen, Shari Shattuck, Kenneth Peerless, Anthony East, Jerry Bailey, Kristin Erlandson

Jack Tillman
NOTE
3/ 5


Après un générique qui nous fait profiter de la sublime partition bontempi qui rythmera le métrage de ses sonorités 80's endiablées, l'action de "Desert Warrior" prend pour cadre une carrière de sable. A la suite d'un conflit nucléaire majeur, la Terre n'est plus qu'un désert et les survivants sont divisés en deux catégories : les non-contaminés, appelés Dromes, qui ont formé une société avancée et élitiste vivant à l'abri des radiations dans un complexe souterrain, et les mutants, luttant pour survivre à l'extérieur.


Après la bombe, le monde ne sera plus qu'un vaste terrain vague.


Notre héros, Zerak (Lou Ferrigno), meilleur guerrier de la tribu des Talorgs, est chargé de ramener des femmes saines pour son chef, qui engrosse toutes les donzelles du coin dans l'espoir d'avoir un fils non-contaminé (ce qui paraît de toute manière voué à l'échec vu qu'il est lui-même irradié). Au cours de sa quête, le héros sauvera Racela, une Drome ayant fui la forteresse des non-contaminés pour découvrir le monde extérieur...


Le haut conseil a débattu...



...et a déclaré ce film nanar à l'unanimité !



Mon empire pour un décorateur compétent.



"Conan le Barbare" et "Mad Max 3" ont fait leur petit effet.



L'héroïne, interprétée par Shari Shattuck, une actrice au CV bien garni puisqu'on l'a également vue dans "Le Clandestin", "Arena", "Our for Blood" avec Don 'The Dragon' Wilson ou encore "Terrain Miné" avec Steven Seagal (son site perso : http://sharishattuck.com).


Cette production Kinavesa / Silver Star offre l'une des très rares incursions du studio dans le genre post-nuke et il faut bien dire qu'il s'agit d'un joli coup d'éclat, apportant une pierre en mousse de plus à l'édifice d'un genre dont les codes se prêtent il est vrai facilement à la nanardise. Semblant vouloir réaliser un patchwork de l'ensemble de la SF kitsch des années 80, le metteur en scène dépasse l'habituel bric-à-brac "Mad Maxien" - tel qu'on peut le voir notamment dans les post-nukes de Cirio H. Santiago - pour développer un univers un peu plus élaboré mais tout aussi grotesque. Commençons par décrire les costumes fatalement bigarrés que revêtent les acteurs figurant ces rescapés de l'holocauste nucléaire. Chaque groupe possède sa propre aberration vestimentaire : les Talorgs et autres mutants sont comme il se doit habillés un peu n'importe comment, même si l'on note une armure commune à mi-chemin entre la cuirasse de légionnaire romain, l'uniforme Darth Vador et la tenue samouraï. Les Dromes quant à eux semblent très marqués par le pyjama blanc que portait Mark Hamill dans le premier "Star Wars", avec également un coté "Star Trek" très prononcé et des casques à visière ridiculement trop petits.


Je t'avais dit de prendre à gauche après l'Etoile Noire ! C'est malin, nous voilà en panne d'essence sur Tatouine...



Avé César, t'auras pas d'Oscar ! [NdlR : en l'occurrence il s'agit plutôt d'un casque grec que romain ;)]



Cette apocalypse commence à me pomper l'air...


Les armes sont également disparates : les Dromes utilisent des pistolets laser qui font "pfioouu-pfioouu !" et projettent des rayons flashis allant un peu dans toutes les directions. Quant aux barbares, ils se castagnent bien entendu avec des armes plus primitives, allant des M-16 et autres lance-roquettes au glaive, à la hache et au harpon. Quant aux véhicules, on peut admirer les classiques épaves roulantes customisées et repeintes couleur kaki-camouflage, mais aussi des vaisseaux futuristes cheapo-grotesques (en fait il n'y en a qu'un) ressemblant à d'énormes fers à repasser sur roulettes rasant le sable avec un bruit d'aspirateur.








Evoluant au milieu de tout ce bazar fait de bric et de broc, les acteurs font ce qu'ils peuvent (c'est à dire pas grand chose), à commencer par ce bon vieux Lou Ferrigno. Que dire de son interprétation ? Ben qu'il fait du Lou Ferrigno quoi. On remarque tout de même qu'il y va relativement mollo avec les grimaces, qu'il remplace par un jeu monolithique qui le rend encore plus benêt. Bon, on se moque, mais il faut au moins reconnaître à Lou un certain charisme et un énorme capital sympathie, d'autant plus quand on sait les efforts qu'il fournit pour accomplir son métier d'acteur. Toujours est-il que côté crédibilité, ça n'a jamais vraiment été ça. Dans son rôle de barbare gros bras/petite tête qui découvre l'amour au premier regard avec une blonde en détresse, et comprend ainsi qu'enlever des femmes sans défense pour les livrer en pâture au zguègue de son patron c'est pas bien, Lou s'avère à peu près aussi convaincant que Paul Hays dans "La Revanche de Samson".


"Le coup de foudre" by Lou Ferrigno (attention, tu baves Lou !).



Répète-le que j'joue mal !


Il faut le voir, affublé d'un cache-oeil à la Snake Plissken et d'un look gay SM que lui envierait Ator en personne : Lou va, cour, vole et assure pleinement le job du héros post-atomique standard, chevauchant sa grosse moto dans les étendues désertiques de rigueur, canardant à tout va du malandrin punkoïde, s'offrant au passage une inévitable scène de bondage enchaîné et rétablissant au final la justice dans son coin de carrière, le tout sans jamais se départir de ses airs béats de ravi de la crèche qui le rendent tellement attendrissant.


Né pour être sauvage !



Tout en finesse.



Subtilité est le maître mot.



Les autres acteurs ne sont guère mieux lotis. On retiendra notamment l'interprétation über nanaresque d'Anthony Peerless, qui joue le leader des Talorgs. Passant son temps à beugler et à s'agiter sur son trône de maître du monde, se marrant comme un gros lourd quant il n'est pas occupé à organiser des combats de gladiateurs dans un "Dôme du Tonnerre" du pauvre, Kenneth s'amuse une fois de plus à composer un personnage grand-guignolesque d'un haut degré de jouissance pour l'amateur de cabotinage intensif. Pour les habitués de ce site, on retrouve également Mike Cohen en président du futur ventripotent, entouré de son conseil de vieux moustachus ahuris défoncés au tranxène, ainsi que Mike Monty en savant barbu planchant sur un remède anti-radiation dans son laboratoire aux écrans qui font "bip bip !", en compagnie d'un R2D2 nanar qui semble avoir fortement influencé les auteurs de "Wall-E" (ou peut-être pas en fait). Quant aux figurants, leur compétence dans les scènes d'action se résume principalement aux spasmes qui les secouent lorsqu'il se prennent une rafale.

SECONDS, TROISIEMES ET QUATRIEMES COUTEAUX DU CINOCHE PHILIPPIN
APPRENEZ A LES RECONNAITRE :


Honneur aux dames, nous commençons par Kristin Erlandson, gweilette suédoise résidant alors aux Philippines, vue dans "SFX Retaliator", "Searchers of the Voodoo Mountain", "Double Target", "Silk 2" et "Vengeance Squad".



Kenneth Peerless, Canadien égaré ayant cabotiné dans pas mal de films tournés aux Philippines, ici en dictateur cocaïné.



Mike Monty en professeur Tournesol du futur.



Mike Cohen, qui cachetonne lui aussi beaucoup dans sa filmo.



Anthony East, vu dans "American Force", "Fast Gun" et "Trigon Force", joue ici le père de l'héroïne.



Jerry Bailey, mâchoire vue dans "Jungle Rats" et "Eliminator", est l'inévitable traître de service.



Dan Holden, premier rôle dans "Movie in Action", rôle secondaire dans "American Force" et ici figurant la bagatelle de 30 secondes.


Les scènes de bagarre surviennent régulièrement et offrent au public son quota d'action décérébrée, de pains dans la figure, d'explosions et de rangées de figurants s'effondrant avec trois balles tirées et sautant avec un temps de décalage par rapport aux tirs de roquettes. Les plans nichons sont également fréquents, mais personnellement je n'ai pas pu profiter de leur totale gratuité car je suis tombé sur une version recadrée à mort, ce qui fait que les attributs féminins sont systématiquement hors-champ sur ma vidéo. Un authentique scandale ! Au détour d'un amoncellement rocheux ou d'une baraque en ruines, vous ferez également connaissance avec la faune très bigarrée qui erre dans ce monde post-apocalyptique. Dans le futur, vous aurez peut-être le bonheur de croiser :


Des amazones dépenaillées…



…des ninjas mutants…



…des pygmées chevelus préhistoriques armés de gourdins…



…des samouraïs…



…des pouilleux bouffeurs de rats avec des visières grillagées sur les yeux…



…des chevaliers qui disent "ni !" échappés de "Sacré Graal"…



….et des robots qui parlent pour ne rien dire.


Concernant la réalisation, le montage demeure assez abrupte par moments, la photographie est crade comme dans tout Z philippin qui se respecte et le récit sans véritable fil conducteur. Le métrage connaît cependant assez peu de temps morts, et lorsque l'action faiblit, l'esthétique très rétro du film maintient l'intérêt du spectateur. Ce jusqu'à la bataille finale entre "barbares" et "civilisés", rendue hilarante par les bruitages des pisto-laser, au terme de laquelle tout le monde finit par faire la paix et se prend dans les bras grâce à notre médiateur de héros qui, après avoir abattu les figurants par grappes de douze au pistolet laser et au patator, ira taper la bise au méchant !






"Les Nouveaux Barbares", enfoncés !


Un titre très programmatique, une jaquette qui annonce la couleur : mater "Desert Warrior", c'est plonger avec délice dans ces ambiances de carrière de graviers qui font tout le charme des post-apo philippins, avec son défilé de looks invraisemblables, ses effets spéciaux en mousse, ses acteurs égarés, ses scènes de bourrinade et son niveau élevé de bêtise scénaristique. Sur tous ces points, voilà un film qui tient donc toutes ses maigres promesses, et se révèle même un des plus réjouissants ersatz de "Mad Max" et "Star Wars" que nous ait livré la patrie de Weng Weng. Si le monde de la post-apocalypse est conforme à ce qu'on voit dans "Desert Warrior" - et surtout s'il est aussi drôle - alors on en viendrait presque à espérer une Troisième Guerre mondiale !

- Jack Tillman -

Cote de rareté - 4/ Exotique

Barème de notation
Contrairement à beaucoup de philippinades post-nucléaires, "Desert Warrior" ne semble pas avoir connu de distribution française (une honte !). On trouve deux éditions DVD allemandes contenant les exploits futuristes de Lou Ferrigno, sous le titre "Desert Warrior" ou "Nuclear War", mais en allemand uniquement.



Un repackaging brutal qui nie radicalement le label "Philippines 1988" du film, et tente désespérément de lui donner une seconde jeunesse.