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Le glossaire du Pr. Ryback

Y comme …

Bikesploitation





Ou "Bikersploitation". Vague de films mettant en scène, de manière souvent excessive et complaisante, les exploits ou les exactions de voyous à moto (généralement des Hell's Angels) comme on en voit parcourir les villes et les campagnes des Etats-Unis. La mode est plus ou moins initiée par "L'Equipée sauvage" (The Wild One, 1953) avec Marlon Brando, et lancée véritablement par de rusés opportunistes comme Roger Corman. Ce dernier produit pour AIP et/ou réalise des films comme "Les Anges sauvages" (The Wild Angels, 1966), avec Peter Fonda, "Les Anges de l'enfer" (Devil's Angels, 1967), avec John Cassavetes, ou encore "Les Anges Nus" (Naked Angels, 1969), avec Michael Greene. Tourné pour environ 360 000 $, "Les Anges sauvages" en rapportera 14 millions rien qu'aux Etats-Unis (près de 40 fois sa mise initiale !), et encore 7 millions dans les années 80 avec le marché de la vidéo. Le créneau étant juteux, d'autres producteurs s'engouffrent dans la brèche.









En 1969, on retrouvera Peter Fonda à l’affiche de cet autre film séminal qu’est "Easy Rider" de Dennis Hopper, qu’on peut voir comme un mix de l'idéologie "born to be wild / hell on wheels" et des "free riders". Destruction gratuite de biens publics et privés, bagarres, viols, consommation abusive de bière et drogues en tous genres, grosses motos pétaradantes : dans les films de bikers les plus primaires, tout est là pour le plus grand plaisir de l'homme de bon goût.








On aurait tort cependant d’amalgamer hâtivement le genre avec le film d'autodéfense. Les films de bikers sont en effet plus ambivalents : c'est aussi l'exaltation d'un mode de vie libre et volontairement marginal. Le manichéisme est souvent moins marqué que dans les films de bandes de méchants délinquants urbains à pied qui embêtent les gentils et honnêtes citoyens. Le double inversé du biker est le plouc sédentaire et réactionnaire (donc moins "gentil" que la victime habituelle des films d’autodéfense et d'ailleurs souvent décrit comme un redneck crétin dans les films de bikesplotation) car le biker, même méchant, c'est aussi l'homme des grands espaces, un "modern day cowboy" avec un absolu, un être métaphysique : il a de vrais morceaux de mythe américain à l'intérieur de lui. Même dans un film aussi nullissime que "Hellriders", on voit de longues chevauchées poussiéreuses à travers le désert de bikers fiers et ombrageux qui roulent vers leur destin, chose qu’on ne voit jamais en revanche chez le méchant urbain de base qui est simplement un "scum", un rebut social à éliminer, nettement plus univoque.









A partir des années 80, le genre a muté en celui, très néo-western, du héros solitaire, parcourant de vastes étendues sur sa monture métallique. Les tentatives de modernisation seront nombreuses, s’efforçant de retranscrire l’imagerie du justicier à moto dans des univers SF-postnuke-cyberpunk, pour un résultat rarement convaincant (citons "Time Rider", "Cyclone", "Le Chevalier du Monde Perdu", la série "Tonnerre mécanique" ou même "Mega Force"...).





Au Japon, les films de motards se sont traduits par la période "Sukeban" (gangs d'adolescentes à moto), et celle des "bosozoku-eiga" (films de bikers purs et durs), dont le point d'orgue reste la série de films Furyô banchô (Wolves in the City / Delinquent Boss), initiée par Yukio Noda, et celle des "Bakuhatsu!" (Explosion / Detonation), initiée par Teruo Ishii.







Les modes évoluant, la bikesploitation déclinée à la sauce djeun's (esthétique de clip MTV, scénario de jeu vidéo et musique hip-hop) a pu donner des films comme le jusqu'au-boutiste Torque.




La comédie "Wild Hogs" et son accroche française qui tue.